Stake Land
Les États‑Unis sont frappés par une terrible épidémie. Des vampires ont envahi le pays, plongé dans l’apocalypse : les survivants fuient, abandonnant villes et villages, où les cadavres envahissent les rues. Dans ce monde désolé, un chasseur de ghoules a pris sous son aile Martin, un adolescent dont la famille a été décimée. Ils avancent en direction du Canada, plus particulièrement d’un territoire baptisé Nouvel Eden, seul endroit qui pourrait leur permettre de survivre…
La bonne réputation que se traînait Stake Land depuis son passage dans les festivals de films de genre nous avait laissé penser qu’on tenait là une production forcément au‑dessus du lot, malgré son petit budget. C’est d’ailleurs ce qu’elle pouvait nous laisser croire en apparence, avec sa photo léchée, sa mise en scène très « indé » et sa volonté de se démarquer nettement du genre auquel elle appartient : celui du film fantastique post‑apocalyptique.
Mais pour trouver sa propre identité au sein d’une tendance cinématographique rebattue, il ne s’agissait pas seulement de remplacer par des vampires les extraterrestres de l’émouvant Monsters, les cannibales de La route, les infectés de The Crazies ou d’Infectés ou encore les zombies de Diary of the Dead de Romero (pour ne citer que celui‑là). Non, pour que Stake Land ne passe pas pour un film opportuniste, il aurait fallu de l’inédit, de l’original (ce qu’a réussi à faire Monsters avec un budget minime).
Mais pas seulement. Il aurait aussi fallu du corps et de l’esprit à ses protagonistes. S’essayant au fantastique réflexif, le réalisateur Jim Mickle et son coscénariste Nick Damici (qui interprète Mister, le chasseur de vampires) passent par des subterfuges pour masquer le manque de profondeur de leurs personnages. Les liens qui unissent la petite troupe ne sont ainsi jamais explorés, et le jeu des acteurs ne parvient pas à compenser ce manque de caractérisation.
Enfin, la bonne idée du film ‑mettre en scène un groupuscule d’extrémistes chrétiens qui seraient encore plus redoutables que les vampires et ainsi capitaliser sur un « folklore » associé à l’Amérique profonde‑ n’est pas exploitée à sa juste valeur, les méchants manquant d’envergure et de verve pour pousser plus loin le discours sur les dérives de la religion, tout juste esquissé.
Le cul entre deux chaises, Stake Land veut à la fois jouer la carte de l’horreur frontale tout en semblant prétendre à une sélection à Sundance. Mais il échoue hélas sur les deux tableaux. On reconnaîtra tout de même au réalisateur sa volonté de soigner sa forme et son envie de faire de la belle image.