Squid Game saison 2
Gi‑hun (Jung‑jae Lee) est le gagnant et l’unique survivant d’un précédent Squid Game. Désormais à la tête d’une fortune, Gi‑hun dépense sans compter depuis trois ans pour stopper les organisateurs de ce jeu pervers offrant à quelques ploutocrates le spectacle de désespérés s’entretuant lors d’épreuves inspirées de divertissements enfantins. Gi‑hun recherche plus particulièrement l’homme au masque noir, le mystérieux Leader (Lee Byung‑Hun vu dans Concrete Utopia), chef d’orchestre de l’abominable « jeu ». Au cours de sa traque, Gi‑hun finit par s’allier à de petites frappes ainsi qu’à l’ex‑jeune policier Lee Myeong Gi (Si‑wan Yim). Ce dernier est le seul à savoir que le Leader, lui‑même ancien vainqueur d’un Squid Game, est aussi son frère.
Les recherches pour trouver l’île isolée où se déroule le Squid Game restent hélas vaines. Mais Gi‑hun et ses acolytes parviennent à retrouver la trace du recruteur (Gong Yoo vu dans Dernier train pour Busan) niché au cœur du métro de Séoul. L’homme pervers, qui avait jadis entraîné Gi‑hun dans le jeu cauchemardesque, est en train de rassembler les ultimes candidats d’une très proche nouvelle édition du Squid Game…
Dynamiter le jeu de l'intérieur
Après l’immense succès de Squid Game saison 1, plus grand hit mondial de Netflix, c’est peu dire que Hwang Dong‑hyuk (The Fortress), réalisateur et scénariste, avait la pression. Cette saison 2 n’affiche que 7 épisodes (3 de moins que la saison inaugurale) mais laissera un goût doux‑amer tant elle est aussi captivante que frustrante.
Après un premier épisode un peu lent mais prenant, le temps de bien définir et situer les protagonistes, le moteur diesel de cette seconde époque s’emballe. Gi‑hun, contraint de rejoindre le jeu, décide de dynamiter le Squid Game de l’intérieur. Cette nouvelle donne, axée sur la solidarité des démunis et la force du groupe, renouvelle le récit. La force ‑ou la faiblesse‑ du groupe de candidats, oscillant sans cesse entre solidarité, suivisme et appât du gain, ouvre une lecture politique aussi grinçante que la saison inaugurale.
Un second rôle que l’on ne dévoilera pas offre de plus un attrayant nouveau regard sur les sbires en rose ‑sorte de prolétariat de l’horreur‑ qui encadrent l’atroce épreuve. Hwang Dong‑hyuk, le créateur de la série, parvient à ménager quelques coups de théâtre bien vicieux, à même de relancer le suspense et de préserver la fraîcheur du propos. Hwang Dong‑hyuk parvient aussi, l’exploit n’est pas mince, à réunir un solide casting renouvelé de seconds rôles pour bien entourer son malheureux héros.
Les fans de Squid Games frustrés contre leur gré
Hélas, malgré une vitesse sans cesse croissante et des épreuves originales ‑à l’exception d'un effroyable 1‑2‑3 soleil revu et corrigé‑ cette saison 2 risque de susciter pas mal de frustrations. D’une part parce que, comme dans la saison inaugurale, la trame narrative dévolue à l’ex‑jeune policier Lee Myeong Gi n’est qu’en apparence importante avant de basculer inexplicablement en pointillé. D’autre part parce que cette seconde saison… n’en est pas vraiment une ! Elle se conclut certes sur un cliffhanger aussi fort que désespéré, mais laisse tous les protagonistes et l’ensemble des interrogations du spectateur suspendus dans l’attente d’une saison 3 finale.
On comprend que Netflix a fait ici une « Potterade » : comme les producteurs de l’ultime volet des aventures d’Harry Potter, la plateforme a divisé en deux l’épilogue de Squid Game et différé le bouquet final de son joyau populaire pour pouvoir doper ses audiences 2025. Cette « casse » cynique de conclusion, aussi artificielle que malhonnête, risque d’agacer et de frustrer beaucoup de fans. Combien sauront ravaler leur légitime frustration pour être au rendez‑vous des dernières stations du calvaire de Gi‑hun ?