Spy
On se souvient des facéties de Melissa McCarthy en tandem avec Sandra Bullock dans Les flingueuses. L'actrice retrouve Paul Feig pour sa nouvelle comédie, lequel a pris soin de lui tailler un rôle sur mesure : accoutrements ringards et coupes de cheveux qui vont avec, arborés aux quatre coins de l’Europe. McCarthy, alias Susan Cooper, est une quadra célibataire, reléguée au second plan dans son job d’analyste au siège de la CIA. Toutefois, le jour où son coéquipier de terrain Bradley Fine (Jude Law) disparaît, Susan décide de récupérer sa mission et de le venger.
D’emblée, le générique de Spy, variation du thème de Skyfall flanquée de l’imagerie bondesque (le sérieux en moins), annonce le décalage. Bien sûr, l’agent sexy Bradley Fine déploie les attributs identitaires du célèbre agent secret britannique lors d’une réunion mondaine, du costume cintré à la coupe de champagne (qu’il jette impunément à terre…), et son sex‑appeal déclenche naturellement le désir de convives médusées. Mais bientôt, la voix de son binôme Cooper ordonne chaque séquence d’action par oreillette et lentille high-tech interposées, afin de lui éviter le coup fatal. Une introduction formidable, laquelle amenuise (et caricature) les super‑pouvoirs du séduisant agent secret (exit Jude Law au bout de la première demi‑heure) pour passer le relais et finalement donner le premier rôle à miss Cooper.
Un pastiche très réussi du film d’espionnage, dont l’efficacité repose entièrement sur cette recrue improvisée qui utilise ses kilos superflus comme une arme d’autodérision imparable. Susan Cooper ou la nouvelle James Bond à contre‑emploi, on en redemande tant c’est désopilant.