Split
Kevin Wendell Crumb (James McAvoy, Professeur Xavier dans X-Men) est un cas pathologique inédit, suivi de près par sa psychiatre Karen Fletcher (Betty Buckley), il lui a révélé vingt‑trois personnalités. Un jour, l’une d’entre elles le pousse à kidnapper trois adolescentes…
De Maniac (William Lustig, 1980) aux séries inégales des Hostel (Eli Roth) et Saw (James Wan), le torture‑porn n’a cessé de réitérer ses caractéristiques intrinsèques, soit un huis clos flanqué d’une poignée de captifs(ves) en position de victimes absolues, dès lors qu’un serial killer prenait plaisir à les martyriser.
M. Night Shyamalan, qui recourait au found‑footage et l’employait judicieusement dans son formidable The Visit (une très bonne surprise compte tenu des navets friands du procédé), convertit le point de vue du tortionnaire unique en un patchwork de personnalités réunies dans un seul corps. Ainsi, toute une série de mimiques, postures, accents avec ou sans zozotement et tenues vestimentaires ont raison de la personnalité originelle de Kevin, lequel devient, à la suite de convulsions déroutantes, Dennis, Patricia, Barry, Orwell, Jade, Hedwig…
Loin de la représentation figée d’un ravisseur, le cinéaste exhume par ailleurs la dialectique de la proie et du prédateur, d’où les souvenirs de Casey (Anya Taylor‑Joy) dans lesquels elle se revoit petite fille chassant avec son père et un oncle inquiétant. Kevin et l’adolescente partagent tous deux une enfance traumatique, si bien qu’un rapport gémellaire s’établit bientôt entre eux.
Connu pour ses twists magistraux, Shyamalan ne déroge pas à la règle, il introduit même une nouvelle, le jeu de rôle(s), comme grand fournisseur de suspense. Mention spéciale à l’impressionnante performance de James McAvoy au passage.