par Paco Altura
12 mars 2014 - 11h30

Snowpiercer, le Transperceneige

VO
Snowpiercer
année
2013
Réalisateur
InterprètesChris Evans, Tilda Swinton, Jamie Belle, John Hurt, Ed Harris, Song Kang-Ho
éditeur
genre
notes
critique
8
10
label
A

En 2031, la Terre est depuis 17 ans prise dans les glaces. Seuls ont survécu les passagers du Snowpiercer, un train gigantesque tournant sans s’arrêter autour du globe. Survivant dans des conditions misérables, les passagers en queue de train fomentent une révolte inspirée par le vieux Gilliam (John Hurt) et menée par le jeune Curtis (Chris Evans).

Snowpiercer est une œuvre improbable. L’adaptation d’une BD française des années 80 (Le Transperceneige signé Lob, Rochette et Legrand) menacée d’oubli, un pur film d’action filmé par Bong Joon‑Ho, génial réalisateur coréen, avec une partie de la fine fleur des acteurs anglo‑saxons.

On peut tout craindre d’un tel pudding : un film d’action générique, un récit « de train » comme on en a vu mille fois, un Bong Joon‑Ho (réalisateurs des géniaux Memories of Murder et The Host) bridé par ses financiers internationaux… Et puis quoi, un film sur une révolte populaire mené par Chris Evans, l’interprète Hollywood chewing‑gum de Captain America ? Oui, on peut peut tout craindre de Snowpiercer.

Et c’est pour ça qu’on se le prend en pleine poire. Bong Joon-Ho, loin de s’étioler à coups de millions de dollars ou de se laisser dévorer par son décor claustrophobique, livre au contraire un film d’une ambition formelle sidérante. L’homme trouve le moyen de cadrer, avec une intelligence sans cesse renouvelée, cette remontée de train, véritable fuite en avant dans un monde roulant dont chaque wagon recèle autant de chocs esthétiques intenses. À l’instar de ce qu’il a fait sur Memories of Murder ou The Host, Bong Joon-Ho réussit à malmener les nerfs du spectateur en variant sans cesse le tempo tout en jouant une partition mélangeant horreur et humour, violence et absurde.

Son scénario ‑simple sur le papier‑ contient nombre de coups de théâtre, autant de pépites maléfiques qu’il serait criminel de spoiler mais dont les germes résident dans le principe même du récit : après 17 ans de survie dans le monde clos du Transperceneige, aucun rescapé ne peut être innocent. Pour peupler son film, Bong Joon-Ho profite aussi d’un casting impeccable : les valeurs sûres (drôle et terrifiante Tilda Swinton, émouvant John Hurt) comme les plus improbables tel Chris Evans qui, avec un mélange d’obstination/désespoir poignant, trouve dans son personnage de jeune loup le meilleur rôle de sa courte carrière.

On peut certes reprocher au film un léger ralentissement de régime au deux tiers, un aparté paradoxal sous la forme d'une explosion de violence un peu stérile. Mais cet ultime feu d’artifice de brutalité prépare en fait le final du film, une tombée des masques glaçante et déstabilisante dont on a franchement du mal à se remettre.

Soyez en sûr, Snowpiercer survole la plupart des films d’action sortis ces dernières années. Une véritable leçon de cinéma qui sera, dans les années à venir, montrée dans les écoles de Septième art.

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dvd
cover
Snowpiercer
- de 12 ans
Prix : 20,06 €
disponibilité
02/04/2014
image
2 DVD-9, 121', zone 2
2.35
SD 576i (Mpeg 2)
16/9
bande-son
Français Dolby Digital 5.1
Anglais DTS 5.1
Anglais Dolby Digital 2.0
sous-titres
Français
8
10
image
En DVD, ce Transperceneige est le film de tous les dangers, notamment en raison des contrastes très violents de lumière entre l'intérieur et l'extérieur du train, ou encore des nombreuses scènes filmées dans des conditions d'éclairage ténues, voire à la flamme d'une torche lors d'une des séquences les plus saisissantes du film. Mais la qualité du master est bluffante : pas de trace de compression pénible, nul amas de pixel disgracieux. Ce très beau travail fait honneur aux images sublimes et aux éclairages extrêmement soignés du directeur de la photo Alex Hong Kyung‑Pyo. Il manque juste, c'est normal, un poil de piqué et de précision qu'on retrouvera certainement sur le Blu-Ray.
10
10
son
Spatialisation fine, dialogues parfaits, le Home Cnéma donne une vie intense au train, au point de le transformer quasiment en personnage à part entière. Mais vos enceintes vont littéralement rugir de plaisir quand survient la superbe musique signée Marco Beltrami (arrivée dans le wagon avant la citerne d'eau). C'est bien simple : cette piste DTS 5.1 de Snowpiercer est si jubilatoire qu'elle pourrait (pourra ?) servir de démo. On ne peut, hélas, en dire autant de la VF en Dolby Digital, qu'il s'agisse du 5.1 ou du 2.0. Très en retrait sur les ambiances et manquant singulièrement de puissance lors des morceaux de bravoure, elle est carrément à la rue lors des passages musicaux. La différence de qualité est telle que la VF ne peut être conseillée qu'aux allergiques absolus à la VOST.
7
10
bonus
- Introduction animée (court métrage sur la montée du train avant la glaciation) (4')
- Le Transperceneige, de la feuille blanche à l'écran noir (54')
- Entretien avec Chris Evans (8')
- Entretien avec Tilda Swinton (10')
- Entretien avec John Hurt (12')
- Entretien avec Octavia Spencer (11')
- Projets d'affiches
- Teaser et bande-annonce
Un ensemble très cohérent de bonus au premier rang desquels l'excellente introduction animée à l'univers du film, que l'on conseille vivement de voir juste avant le long métrage. Le documentaire « Le Transperceneige, de la feuille blanche à l'écran noir » est quant à lui un véritable modèle du genre : portrait des auteurs de la BD originale, il suit les survivants de l'équipe (Jean‑Marc Rochette et Benjamin Legrand) lors de la production du film de 2006 à 2013. Le réalisateur du doc, Jésus Castro, a sû capter l'émotion intense du dessinateur Jean‑Marc Rochette lorsqu'il visite les décors qu'il avait rêvés et dessinés voilà plus de trente ans. Il a sû aussi s'attirer la confiance de Rochette et Legrand et recueillir leurs propos, livrés avec une candeur et une honnêteté désarmantes. Le rêve éveillé que ces deux‑là vivent sur le tard est réellement bouleversant. Le module interview tente quant à lui de profiter d'entretiens avec les acteurs pour évoquer de manière vivante tel ou tel aspect du tournage (cascade, direction d'acteur, photographie). La chose est très réussie avec Tilda Swinton et John Hurt, enthousiasmants, mais beaucoup moins avec Octavia Spencer et surtout Chris Evans, tous deux tétanisés par excès de langue de bois hollywoodienne.
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