Simple Minds : Acoustic in Concert
L'exercice fait d'abord froid dans le dos : la tournée « acoustique », le joker ultime des groupes en panne sèche d'inspiration pour continuer à rejouer les mêmes morceaux sur scène encore et encore. Si certains ont réussi à tirer ponctuellement leur épingle du jeu d'une telle expérience (Neil Young, Nirvana...), on aurait pu craindre un sort moins heureux pour les écossais de Simple Minds, 40 ans après leurs débuts, face au public vieillissant du Heckney Empire à Londres. Et pourtant, Acoustics in Concert se révèle être une heureuse surprise, rendant un hommage tranquille et humble au savoir-faire du groupe new wave et à ses tubes légendaires.
Enregistré dans le cadre de l'émission In Concert de la BBC au début d'une tournée pour promouvoir leur album Acoustics, ce concert voit le groupe revisiter leurs classiques venus des années 80 (principalement la période entre New Gold Dream en 1982 et Once Upon A Time en 1985) dans des versions qu'on aura du mal à qualifier de réellement « débranchées » : avec deux guitares électro‑acoustiques jouées avec des tas d'effets, deux choristes en soutien et une excellente percussionniste qui frappe sur d'énormes bongos, certains titres ne sont guère moins maximalistes que leurs versions originales. Le concert débute d'ailleurs par un long solo de percussions qui ne ressemble pas vraiment à l'image qu'on pourrait se faire d'un live unplugged ! En vérité, ce qu'offre Acoustics, ce sont des versions plus intemporelles des titres de Simple Minds, délestées de leurs artefacts Eighties. Des relectures plus matures et finalement plus proches de l'énergie tranquille d'un groupe dont la moyenne d'âge a maintenant dépassé le demi‑siècle depuis un certain temps.
Si on pourra regretter que le groupe fasse l'impasse sur le début de sa carrière (mis à part une belle version du très glam‑rock Chelsea Girl), les hits proposés sur scène ne manquent pas de panache : Don't You (Forget About Me), évidemment, mais également Glittering Prize ou Someone Somewhere (In Summertime) passent avec brio l'exercice acoustique. Dommage cependant que le groupe s'égare à vouloir jouer des reprises d'artistes les ayant inspirés : on excusera la version correcte de Dancing Barefoot de Patti Smith, mais difficile de défendre le choix de reprendre l'affreux Andy Warhol de David Bowie, l'un des pires morceaux de l'album Hunky Dory, massacré par une choriste peu inspirée.
Mais ce qui fait tout le charme de ce concert, c'est Simple Minds en lui‑même. Généreux et modeste, le groupe semble prendre un réel plaisir à jouer. Il faut entendre le chanteur Jim Kerr, plein d'humour, parler entre chacun des titres pour prendre conscience de leur joie toute simple d'être encore là, au XXIe siècle, face à cette salle comble qui applaudit à tout rompre. Et si cette captation parlera principalement à un public nostalgique, curieux de redécouvrir le groupe de leurs années lycée, Acoustics in Concert est avant tout un beau moment de célébration avec un groupe dont la devise était déjà scandée dans leur plus grand tube : Don't you forget about me.