par Jean-Baptiste Thoret
21 juillet 2015 - 12h32

Sils Maria

année
2014
Réalisateur
InterprètesJuliette Binoche, Kristen Stewart, Chloë Grace Moretz, Lars Eidinger, Johnny Flynn
éditeur
genre
notes
critique
8
10
label
A

Quinzième film d’Oliver Assayas, cinéaste élégant et singulier à l’éclectisme certain (Demon Lover, Carlos, Les destinées sentimentales, Irma Vep), Sils Maria s’impose d’emblée comme une réussite totale, vive, précise, virtuose, une balade inquiète dans le vortex de l’époque contemporaine, coincée entre la disparition d’un vieux monde et l’avènement d’un autre qui suscite effroi et fascination.

L’ancien monde, c’est Juliette Binoche qui l’incarne, à la fois la femme (lettrée, cultivée, technique de jeu impeccable) et son personnage, l'actrice Maria Anders, en route pour Zurich où elle doit rendre hommage à un dramaturge, Melchior, qui fut son pygmalion. Elle n’était encore qu’une débutante lorsque Melchior lui offrit le rôle qui fit d’elle une star. Dans Le serpent de Maloya, elle était Sigrid, une jeune femme arriviste qui séduisait et atomisait une femme plus âgée qu’elle, Helena. Mais au cours du voyage, Maria apprend la mort subite de Melchior. En compagnie de son assistante Valentine (formidable Kristen Stewart dans un faux second rôle terne qui cannibalise tous les séquences où elle apparaît), elle se retire dans un chalet et répète le rôle d’Helena, qu’un metteur en scène de théâtre vient de lui proposer.

Le nouveau monde, c’est bien sur Valentine, à la fois assistante, partenaire, Gemini et miroir cruel, et Jo‑Ann Ellis (Chloë Grace Moretz, l’héroïne du diptyque Kick Ass), actrice pétillante, vedette des réseaux sociaux qu'elle inonde de ses frasques, qui va reprendre le rôle de Sigrid.

Au sein d’un somptueux décor alpin digne de la Montagne magique de Mann, Assayas apporte sa pierre à l’édifice des films sur les acteurs (on pense bien sûr à Eve de Mankiewicz), mais ce sont moins les effets de rivalité qui l’intéressent que les paradoxes de notre époque, à la fois globalisée et locale, et le rapport intime des personnages au temps qui file et les transforment malgré eux.

La partie centrale du film, sorte de crise existentielle de Maria vécue pendant les répétitions de la pièce au cours desquelles elle se confronte à son passé sous un angle nouveau (et douloureux), permet à Assayas d’atteindre les sommets que son cinéma devait un jour atteindre. Une merveille.

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Tous publics
Prix : 14,99 €
disponibilité
03/02/2015
image
BD-50, 123', zone B
2.35
HD 1 080p (VC-1)
16/9
bande-son
Anglais DTS-HD Master Audio 5.1
Anglais DTS-HD Master Audio 2.0
sous-titres
Français, français pour sourds et malentendants
7
10
image
La texture et la patte « Assayas » sont là, produisant leur lot de plans bruts, légèrement texturés, aux contrastes marqués et jouant volontiers sur les reflets, sans rien sacrifier à la précision ou à la définition. On notera aussi le travail à l'image sur le déboublement, les fondus enchaînés (le temps qui passe) et la présence massive de la montagne. Pas tape‑à‑l'œil, mais singulier et subtil.
7
10
son
Un 5.1 clairement pas primordial sur ce film mais dont la présence apporte quelques incursions de la musique sur les enceintes Surround. Scène sonore plutôt frontale le reste du temps.
5
10
bonus
- Le phénomène nuageux de Maloja (1924) (8')
- Entretien d'Oliver Père avec Olivier Assayas enregistré à Cannes (22')
- Photos
Le film muet en N&B pourra en laisser certains sur le carreau, mais l'interview d'Olivier Assayas par Oliver Père prend le temps de brasser les grands et petits thèmes du film. Passage obligé.
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