Shotgun Stories
Réalisé juste avant Take Shelter, le film qui vient de révéler Jeff Nichols au grand public, Shotgun Stories constitue l’une des récentes merveilles du nouveau cinéma américain.
Sept frères de condition modeste, nés de deux mariages différents, se rendent à l’enterrement de leur père. Mais l’aîné (Michael Shannon, l’acteur américain qui monte et que l’on voit partout, de Take Shelter à la série Boardwalk Empire) décide de salir l’image du défunt et rappelle que c’est le même homme qui, dès années plus tôt, a abandonné ses propres enfants. Le début d’une guerre vengeresse entre les deux clans.
Situé dans l’Arkansas, État natif de Nichols, Shotgun Stories, contrairement à ce qu’on son titre laisse présager, est moins un film de règlements de comptes sanglants qu’une description remarquable du conflit intérieur qui ravage tous les membres de cette famille malade, tiraillés entre le poids écrasant du passé et le désir de se construire un avenir meilleur. La force du film tient ainsi dans le parfait équilibre trouvé entre des séquences d’action minées par une forme de désœuvrement (on pêche, on boit des bières, on discute, mais on s’affronte rarement) et la description de cette Americana alanguie qui s’ennuie.
Nichols ne prend parti pour aucun des camps, se tient toujours à distance, et centre son film sur le conflit entre la filiation (venger son père, mais pourquoi ?) et la nécessité de briser une chaîne qui ne pourra mener qu’au pire. Un film remarquable qui ressemble à une chanson de Springsteen filmée par Terrence Malick.