Shot Caller
Après un accident sous l’emprise de l’alcool, Jacob Harlon (Nikolaj Coster‑Waldau) perd sa situation et sa famille. L’homme d’affaires déchu est condamné à de la prison ferme. Dans l’impitoyable milieu carcéral, Harlon que tous surnomment « Money » se rapproche pour survivre d’un groupe de détenus racistes. Leur protection a un coût : Harlon est contraint de se livrer au pire (drogue, meurtre). Libéré après sept ans, Harlon a pour mission d’organiser une dangereuse vente d’armes pour le gang qui l'a protégé en prison.
En anglais, l’expression « shot caller » a deux sens différents : il peut s’agir d’un homme de main ou bien d’un meneur. C’est bien la trajectoire que va suivre, dans l’ordre, le personnage incarné par Nikolaj Coster‑Waldau, l’interprète de Jaime Lannister dans Game of Thrones. Tatoué de partout et bien affiné par une muscu intensive, Coster‑Waldau n’incarne pourtant pas une de ces pures brutes sanguinaires bodybuildées dont les séries et le cinéma carcéral américain raffolent. C’est bien une trajectoire tragique que va suivre le héros, un homme ordinaire simplement décidé à survivre quoiqu’il en coûte.
Nikolaj Coster‑Waldau livre une performance remarquable : son personnage devient une sorte de monolithe de détermination lorsqu’il est en présence de ses codétenus ou complices et ne donne libre court au réel désespoir qui l'anime que dans l’isolement de sa cellule. Le récit a la grande intelligence de ne jamais magnifier son héros ‑devenu tueur et acoquiné avec des repris de justice néonazis‑ mais au contraire de prendre le temps de construire un personnage plutôt complexe. En témoigne une scène exceptionnelle où Harlon, devenu un impitoyable gangster, voit avancer vers lui avec une terreur chimiquement pure son fils devenu homme qu’il n’avait pas revu depuis sept ans.
Filmé avec efficacité, riche en action malgré quelques digressions inutiles sur un personnage de policier, le récit mène de concert une double intrigue (passé et présent d’Harlon) et en dessine, l’air de rien, une troisième qui ne prendra tout son sens que lors d’un final assez surprenant. À noter, la présence de Jon Bernthal (The Punisher, The Walking Dead), comme d’habitude impeccable dans le rôle d’une petite brute qui rêve un peu trop grand.