Shameless saison 2
Si vous survivez au générique, qui ferait tomber à la renverse n'importe quel phobique du microbe (un plan‑séquence sur les toilettes d'une salle de bains où il s'en passe de belles), apprêtez‑vous à entrer dans un monde de fou, celui des Gallagher. Une famille de White Trash (nouveaux pauvres blancs) qui tente de survivre à sa manière à la crise, entre petits bonheurs et gros dégâts à gérer (comme le retour embarrassant d'une mère junkie, lesbienne et paumée).
Le père, Frank Gallagher (excellent William H. Macy), ivrogne patenté, est quant à lui parti vivre chez sa nouvelle copine agoraphobe (Joan Cusack), laissant ses six enfants en roue libre dans une maison faite de bric et de broc. C'est Fiona (Emmy Rossum), aînée sacrifiée, qui se charge de gérer le quotidien et de faire tourner une famille perpétuellement au bord de gouffre, mais pas sans imagination lorsqu'il s'agit de trouver les fonds nécessaires à maintenir le peu de confort de la fratrie : location de la piscine gonflable aux copains du coin, petits boulots pas toujours réglos, garde d'enfants du voisinage par les enfants eux‑mêmes, faux accidents en séries, cultures non autorisées, arnaques en tous genres et autres combines orchestrées par Lip (Jeremy Allen White), le petit génie de la bande au charme ravageur.
Volontiers outrancière, franchissant régulièrement toutes les limites de la bienséance, grossissant volontairement le trait, Shameless brosse le portrait acide d'une génération désenchantée et irrévérencieuse qui a décidé depuis bien longtemps de faire fi des conventions pour maintenir la tête hors de l'eau. Soit le système D élevé au rang d'art de vivre.
Dans cette saison 2 (cliquer sur Shameless saison 1 pour accéder au test), encore une fois divinement écrite, brillamment interprétée et encore plus émouvante, vous verrez un homme fumer les cendres de sa mère, un suicide très assisté à mourir de rire, un accouchement en famille et en très gros plans, du sexe pour tous et aussi pas mal d'amour. Les Gallagher, vous allez les aimer ou les détester. Nous, on les adore.