par Jean-Baptiste Thoret
24 octobre 2016 - 17h15

Seul contre tous

VO
Concussion
année
2015
Réalisateur
InterprètesWill Smith, Alec Baldwin, Albert Brooks, David Morse, Mike O'Malley, Gugu Mbatha-Raw
éditeur
genre
notes
critique
5
10
A

À ne pas confondre avec le film au titre éponyme de Gaspard Noé, Seul contre tous (Concussion en VO) s’attaque à une institution sportive, la NFL, puissante fédération nationale du football américain qui, il y a une dizaine d’années, dut faire face et étouffer un scandale d’envergure.

Bennett Omalu (Will Smith), un neuropathologiste d’origine nigérienne installé à Pittsburgh, découvre à l’occasion de l’autopsie d’une star du football les dégâts cérébraux provoqués par les chocs frontaux répétés que subissent les joueurs professionnels au cours de leur carrière. Aidé par un ancien médecin de la fédération en quête de rédemption (Alec Baldwin) et son supérieur hiérarchique, Omalu va tenter de révéler sa découverte à une Amérique qui choie la vérité mais s’en protège lorsque celle-ci concerne un symbole de la nation.

Après avoir revisité l’assassinat de JFK et les théories fumeuses entourant son autopsie (le mollasson Parkland), Peter Landesman poursuit sa petite entreprise critique, en sourdine, sans éclats, comme une version sous Lexomyl du cinéma coup de poing d’Oliver Stone. Seul contre tous se remet ostensiblement dans les pas des films dossiers des années 1970, et plus récemment dans ceux de Révélations de Michael Mann, autre histoire d’homme seul et intègre opposé à la toute‑puissante industrie du tabac.

Mais Landesman choisit de ne pas verser dans le thriller, ce qui le prive de l’ampleur du genre, de sa capacité à attraper d’un seul geste le destin d’un individu et celui de la collectivité. Les quelques coups de fil inquiétants qu’Omalu reçoit à son domicile ne sont que des fausses pistes. Le film reste collé à son personnage et fait malheureusement abstraction de la dimension politique de son sujet, des zones d’ombre et d’influence des lobbies de la NFL, mais aussi du pacte qui lie ce type d’institution à ses supporters. Et si, chez ces Américains de toutes conditions, le besoin de croyance était plus fort que la vérité que s’obstine à établir Omalu ? Liberty Valance, on y revient toujours.

C’est l’écueil de ceux qui préfèrent le sermon à la question que de ne pouvoir envisager simultanément les faces opposées d’un même problème. Réduit à quelques visages inquiétants aperçus sur un écran de télévision ou, de loin, dans une salle de conférences, les hommes du pouvoir ne sont ici que des épouvantails commodes sur lesquels Landesman fait l’impasse. Le seul intérêt du film tient à la fois dans l’obstination du personnage, sa candeur aussi (il est le seul à ignorer le nom des stars du sport le plus populaire des USA) et son origine étrangère dont le film exploite toutes les ressources. Bien que désireux de s’intégrer au pays de l’Oncle Sam et devenir l’un de ses citoyens modèles, bien qu’il possède déjà tout son attirail bigot (c’est une parfaite grenouille de bénitier), il ne maîtrise qu’une partie des codes culturels de son Shangri‑La (lieu imaginaire décrit dans le roman Les horizons perdus, James Hilton, 1933, NDLR) et cette ignorance, cette étrangeté littérale, lui permet paradoxalement de retrouver cette grandeur objective des phares tutélaires de la nation.

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Concussion
Tous publics
Prix : 19,99 €
disponibilité
20/07/2016
image
1 BD-50 + 1 BD-25, 123', zone B
2.35
HD 1 080p (AVC)
16/9
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 5.1
Anglais DTS-HD Master Audio 5.1
Allemand DTS-HD Master Audio 5.1
sous-titres
Français, anglais, arabe, danois, néerlandais, finnois, allemand, norvégien, suédois, turc
8
10
image
Une image classique mais cossue et de bonne facture. Inutile de chercher la petite bête, c'est du solide côté précision et contraste (avec jeu de surimpressions et de transparences). Intérieurs comme extérieurs ne laissent aucun détail ternir le moindre recoin du cadre. Quant à la HD, elle apporte cette lisibilité incomparable quels que soient les cas de figure ou difficultés rencontrés.
7
10
son
Seul contre tous ne brille pas par ses éclats sonores, mais la BO de James Newton Howard fait ce qu'il faut pour lui donner de la hauteur. Et ça marche. Encore une fois, sans faire de vague, le film déroule lentement mais sûrement ses qualités intrinsèques. La VO apporte pour sa part ce surcroît de naturel avec un léger accent étranger bienvenu pour Will Smith.
8
10
bonus
- Commentaire audio du réalisateur
- Scènes coupées (13')
- La véritable histoire de ceux qui ont inspiré le film (11')
- La création de Seul contre tous (13')
- Documentaire League of Denial de Steve Fainaru et Mark Fainaru-Wada (106')
- Copie digitale
On a mis le paquet avec un deuxième disque renfermant le documentaire League of Denial, revenant en long et en large sur l'histoire de Webster. Son image de joueur entré dans la légende, son autopsie… tout y passe à travers différents témoignages et images d'archives. Les deux autres modules sont un peu trop « montés » à notre goût, accentuant l'effet promo. On y voit toutefois Ridley Scoot, un des producteurs du film. À l'inverse des commentaires audio, plaisants à suivre.
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