Scream VI
Après Woodsboro, le campus de Windsor et les studios d’Hollywood, Ghostface investit la Big Apple, couteau à la main et masque vissé sur le visage, dans ce nouvel opus de la saga Scream. Mais c’était sans compter sur les sœurs Carpenter. Ou peut‑être que si, justement…
À corps et à cris
Avec déjà une trilogie, un quatrième opus discutable, un reboot/remake, on pouvait vraisemblablement se demander, outre l'appât du gain, quel était l’intérêt d’un nouveau Scream ? Et pourtant, ce Scream VI se laisse regarder sans déplaisir, avec cependant quelques lassitudes dues à l'essoufflement d'un concept originel toujours aussi jubilatoire, il faut bien l’avouer. À force de mises en abyme, les films Scream s’enfoncent de plus en plus dans le méta et l'auto‑citation, voire l'auto‑parodie. Paradoxalement, c’est un peu aussi pour cela qu’on les regarde !
Ils sont à la fois un hommage au genre slasher/whodunit tout en étant devenus eux‑mêmes un genre à part entière. Les nouvelles héroïnes arrivées dans le numéro précédent sont suffisamment attachantes et ambiguës (Melissa Barrera et Jenna Ortega), les jumps scares fonctionnent toujours, l’hémoglobine est dosée pour ne pas trop écœurer et le fan service qui fait le lien avec la franchise est respecté. Un san(g)s faute. Cerise sur le gâteau, le scénario est suffisamment malin pour imaginer de nouvelles situations bien angoissantes, comme celle du métro ‑New York oblige‑ ou bien le sort réservé à Gale (Courtney Cox). Alors bien sûr, ce nouveau Scream n’égale jamais la claque scénaristique et de mise en scène du premier opus de 1996, mais il reste diversifiant.
Lame et âme
Malheureusement, Wes Craven (réalisateur des premiers films), décédé en 2015, n'est plus. Même Kevin Williamson, scénariste original de la saga, a quitté le navire au numéro 4. Il manque donc un petit quelque chose à ce Scream VI pour en faire plus que simplement le nouveau numéro d'une franchise démarrée il y a près de trente ans. L’effet de surprise s'est émoussé depuis longtemps, les héros originaux sont fatigués (voire décédés ou n'ont pas voulu continuer faute de moyens, à l'instar de Neve Campbell, absente pour la première fois d'un film Scream), mais la recette fonctionne toujours. On aurait simplement aimé un peu plus d’ambition et de subtilité. Lors de sa sortie, Scream était une réflexion sur les codes du slasher, les ficelles scénaristiques et posait radicalement la question de la représentation de la violence au cinéma. Ici, malheureusement, rien de tout cela…