Saw X
John Kramer, malade d’un cancer en phase terminale, se rend au Mexique afin de subir une opération expérimentale capable de le guérir. Mais ce voyage va bientôt virer au cauchemar…
Saw terne ?
Ce dixième opus de la franchise inaugurée il y a vingt ans par James Wan et Leigh Whannell (Saw), d’après leur court métrage, est une relative bonne surprise pour peu qu’on en accepte le postulat, à savoir que John Kramer/Jigsaw (Tobin Bell) et Amanda Young (Shawnee Smith) sont un peu comme Benjamin Buton : le temps se comporte différemment sur eux ! En effet, le parti pris de Kevin Greutert, le réalisateur de ce Saw X (et exégète de la franchise puisqu'il a déjà réalisé et monté plusieurs films de la saga), est de situer son histoire entre le premier film et le troisième, tout en conservant, vingt ans après, certains des acteurs originaux sans vraiment chercher à les rajeunir. Pour le fan de la saga, c’est un peu étrange, pour les autres, ça passe crème.
En revanche, ce postulat implique également un manque conséquent de suspense puisqu’on sait que John Kramer ne mourra pas. Il est attendu dans Saw III sorti en 2006. Pour le reste, l’idée d’en faire un antihéros rancunier est assez jouissive. Elle implique une certaine complicité implicite du spectateur, assez malsaine d’ailleurs.
Façon puzzle !
Le véritable héros du film, c'est donc John Kramer/Jigsaw qui va encore une fois imaginer des puzzles malsains et meurtriers pour se venger de ceux qui l’ont trompé. Le plaisir de la saga est conservé, les pièges sont imaginatifs et pervers à souhait, mais au final, ça sent toujours un peu le réchauffé, comme c’est le cas en fait depuis Saw II.
Malgré cela, on prend toujours un malin/malsain plaisir à regarder les victimes essayer de s’en sortir comme le veut le principe de la saga. On est clairement dans du grand‑guignol assumé (ah cette corde à base d’intestin ou cette trépanation…), mais sans aucun humour, avec une esthétique fauchée qui renvoie clairement au premier film. Alors que le budget est dix fois plus conséquent.
La surprise provient du fait que le film prend le temps de s’installer et qu’au final, on a de l’empathie pour celui que l’on sait être un tueur pervers. Belle mise en abyme, assez réussie par le film. C’est véritablement son seul véritable intérêt. Kevin Greutert parvient finalement à insuffler un vent nouveau à une saga qui se répète beaucoup (trop) depuis vingt ans, quitte à trahir l’esprit de la franchise.