Satanik
Tandis que le filon du péplum s’essouffle, le cinéma italien se tourne au milieu des années 1960 vers deux succès récents, James Bond contre Dr. No (Terence Youg, 1962) et, en France, la série des Fantômas, objet pop et coloré dont l’influence, à Cinecitta, sera considérable. Soit un cocktail d’espionnage, de méchants déguisés et cyniques, de femmes aux poses lascives et de décors directement inspirés du pop art.
Au même moment, en Italie, les sœurs Giussani inventent le personnage de Diabolik, criminel masqué et héros des fumetti (« petites fumées », BD italiennes éditées sous forme de fascicules et vendues dans les kiosques). C’est Umberto Lenzi qui, en 1966, ouvre le feu des adaptations de nombreux fumetti, avec Kriminal, devenu ici un voleur plutôt sympathique, bien loin de la méchanceté qui caractérisait le personnage original.
Deux ans plus tard, après le célèbre Danger Diabolik de Mario Bava, le cycle s’achève avec Piero Vivarelli qui adapte Satanik et conserve, lui, une large part du sadisme et de la cruauté contenus dans les livres : le film s’ouvre par la visite d’une femme plutôt âgée et repoussante, le docteur Marnie Bannister, qui assassine un scientifique, inventeur d’une potion rajeunissante. La voilà qui renaît dans la peau (et les tenues affriolantes) d’une jeune mannequin séduisante (Magda Konopka) qui ne reculera devant rien pour satisfaire sa vénalité.
Mélange de l’univers de Bond (un plus fauché), de Dorian Gray, de Fantomas et des fumetti, Satanik est une petite série B réjouissante qui initie une collection « Cine fumetti » à suivre chez Artus Films.