Sans un bruit, jour 1
New York, de nos jours. Samira, atteinte d’un cancer, sort de son centre de soin, son chat dans les bras. Soudain, une invasion alien, de grande ampleur, a lieu. Quasi invincibles, les aliens sont extrêmement sensibles au bruit. Dans ce chaos, Samira, se sachant condamnée, n'a plus qu'un objectif : manger une dernière pizza de chez Patsy's. Dans sa quête pour l’ultime repas, elle rencontre Eric, un étudiant britannique esseulé.
Silence, ça pousse
Préquelle de la franchise Sans un bruit, le film de Michael Sarnoski (réalisateur de Pig) s’inscrit totalement dans la continuité de la saga (voir aussi Sans un bruit 2). Enfin, façon de parler, puisque chronologiquement, il se déroule avant. L’ex‑acteur de The Office, John Krasinski, qui avait écrit, réalisé et joué les deux premiers opus, laisse donc la caméra (et la famille Abbott) pour offrir un peu de fraîcheur à un concept qui aurait pu tourner en rond. Pas folle la guêpe, il reste producteur et annonce d’ailleurs deux nouvelles suites, en projet…
L’idée phare de ce Sans un bruit, jour 1, outre son titre qui résume parfaitement son propos pour qui connaît la série, c’est de situer son action en ville et pas n’importe laquelle. New York, l’une des villes les plus bruyantes au monde, est un terrain de jeu parfait pour le réalisateur et ses deux acteurs, Lupita Nyong'o et Joseph Quinn. Non seulement, son architecture tout en hauteur se prête génialement à une invasion qui provient du ciel, mais son gigantisme est à l’échelle de la menace. Dans la Grosse Pomme, il n’y a pas que marcher malencontreusement sur des brindilles qui risque de faire du bruit.
Néanmoins, avec un tel décor, on aurait pu s’attendre à un plus grand carnage. Ce n’est visiblement pas le propos du film hormis dans son introduction très 11 septembre. Cependant, le réalisateur exploite totalement son environnement urbain où tout est un danger sonore potentiel. Les nombreux recoins de la ville sont propices aux jump scares et la tension (à défaut d’action) est au diapason.
L’autre bonne idée du réalisateur est d’avoir offert à son héroïne un chat. L’animal se révélant être autant bombe sonore potentielle qu’un malicieux moteur narratif. Malheureusement, il est soit trop souvent sous‑exploité ou surexploité, quand le scénario se retrouve dans une impasse.
De bruits sans fureur
Si cette préquelle est relativement une bonne surprise, il n’en demeure pas moins que ce Sans un bruit, jour 1, qui lorgne beaucoup vers La guerre des mondes, n’apporte au final pas grand‑chose. Il n’y a pas vraiment d’explication à l’invasion extraterrestre et la population de Manhattan comprend assez vite les particularités des aliens, alors qu'on s’en souvient, les premiers opus nous avaient laissés penser que loin de la grande ville, cela avait pris beaucoup plus de temps. Qu’importe…
Les deux premiers films, assez ruraux, racontaient en filigrane la survie de la cellule familiale, une belle idée de cinéma de genre avec un fond assez touchant (surtout le premier). Ce n’est définitivement plus le cas dans Sans un bruit, jour 1 où il est en fait notamment question de notre individualisme collectif et de l’anonymat des grandes villes. De fait, l’émotion fait cruellement défaut. Même si le chat est génial, il ne peut lutter face la fragilité de l’héroïne enceinte du premier film.
Pire, à l’inverse de beaucoup de films du même type, ici, l’héroïne ne cherche pas à s’en sortir (elle se sait condamnée par un cancer), mais juste à se faire un dernier trip gustatif avant l’issue fatale. C'est original mais naturellement, le spectateur est moins en empathie avec elle. Malheureusement, jamais le réalisateur n’arrivera à vraiment nous émouvoir par sa quête culinaire, finalement assez triviale.
Reste que ce Sans un bruit, jour 1 n’en demeure pas moins un bel exercice de style, certes pas à la hauteur du premier film, mais assez divertissant pour qui aime le genre. En un minimum de lignes, les dialogues arrivent à faire passer beaucoup de choses (on est moins fans de la séquence de mime bien lourde), on ne verra plus le métro new‑yorkais comme avant et surtout à la fin, on aura envie de pizza !
Ne boudons pas notre plaisir. Après tout, comme nous l’explique le film, le plaisir est aussi fait de petites choses…