par Carole Lépinay
07 mars 2025 - 16h09

Sans retour

VO
Southern Comfort
année
1981
Réalisateur
InterprètesKeith Carradine, Powers Boothe, Peter Coyote, Fred Ward, Franklyn Seales
éditeur
genre
sortie
04/02/2025
notes
critique
8.5
10
A

Neuf soldats américains de la Garde Nationale partent en mission de reconnaissance dans les bayous de Louisiane. Pour arpenter la région marécageuse, ils subtilisent des pirogues appartenant à des locaux (les Cajuns) qui, dès lors, ne cesseront de les traquer.


Quand le survival emprunte à l'horreur

Après Le gang des frères James (1980) puis son film culte The Warriors (Les guerriers de la nuit), Walter Hill signe Sans retour en 1981. Fleuron du survival à redécouvrir de toute urgence, Sans retour est aussi une relecture retorse et poisseuse du film de patrouille tel qu'Hollywood en produisit en masse dans les années 1940 et 1950. Longtemps comparé au Délivrance de John Boorman, le film explore lui aussi le délitement d’un groupe d’hommes confronté à la fois à des autochtones et à une nature hostile. Les rednecks parfaitement reconnaissables dans le survival de 1972 laissent ici la place à des apparitions fugaces et lointaines, à peine perceptibles et pourtant prêtes à attaquer au moment opportun. Un virage vers les codes du cinéma d’horreur qui combine la toute‑puissance du hors‑champ à une menace diffuse et insaisissable.

 

La métaphore du Vietnam

Au cours de cette odyssée cauchemardesque, les liens se défont et l’apparence d’une cohésion militaire sera vite atomisée par des travers individualistes qui confinent à la folie. Le choix de situer l’action en 1973 n’est, de toute évidence, pas anodin : embourbés dans un bayou dont ils ignorent les codes, les militaires inexpérimentés (re)vivent les affres de la guerre du Vietnam, mais chez eux. Dans cette Amérique moite et fangeuse (pour la photographie, Andrew Laszlo s’est inspirée des clichés de la guerre de Corée), l’ennemi invisible n’est pas tant le Cajun et ses codes impénétrables, que le frère d’armes derrière lequel se cache finalement un Étranger.

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4k
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Southern Comfort
- 12 ans
Prix : 29,99 €
disponibilité
04/02/2025
image
1 UHD-66 + 1 BD-50, 105', couleurs
1.85
HD 2 160p (HEVC)
HDR10
16/9
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 2.0
Anglais DTS-HD Master Audio 2.0
sous-titres
Français imposé sur la VO
6
10
image

4K et HDR10 obligent, la lumière impressionne d'emblée. Le reste est en revanche moins frais pour un ensemble qui fait encore son âge. Il faut dire que la photographie du film, très inspirée par les clichés de la guerre de Corée, n'aide pas à affiner le piqué et la définition de la pellicule 35 millimètres, volontairement visibles. Le Blu‑Ray présente même un rendu mieux défini (surtout les visages), mais paraît bien éteint comparé à la version 4K. Sur cette dernière, les couleurs sont plus assumées, la netteté plus efficiente sur les plans larges et les contrastes plus marqués. On notera que tous les plans ne sont pas de la même qualité, et que la lumière blanche de l'hiver de Louisiane fournit des décors naturels très cinématographiques.
 

7
10
son

Deux pistes DTS‑HD Master Audio 2.0 classiques (VF plus agressive alors que les débits sont presque identiques), dispensant quelques bruits d'ambiance du monde sauvage et les dialogues, assez proéminents. Les passages musicaux dans le dernier tiers apportent une immersion supplémentaire dans le bayou, tout comme les accents français/cajuns à couper au couteau. Le film est davantage à vivre à travers son atmosphère que son action, de toute évidence.

6
10
bonus
- Présentation du film par Philippe Guedj (Le Point POP) (6')
- Bataille dans le bayou, entretien avec Walter Hill (17')
- Entretien exclusif avec Keith Carradine (41')
- Steroïds, le podcast par l’équipe de Capture Mag (27')
- Bande-annonce originale

Philippe Guedj (Le Point POP) présente le film, ses conditions de tournage pénibles en plein hiver dans le bayou (pas facile de poser ses caméras sur des sols humides, chaque set était rapidement impraticable). Ou encore son accueil à la sortie, plus que mitigé puisqu'il est complètement passé inaperçu pour le public comme la critique, jusqu'à sa réhabilitation il y a peu à travers des festivals. 

 

L'entretien avec Walter Hill nous fait immédiatement penser que ce genre de cinéaste manque terriblement au cinéma actuel. Il revient sur son amour du cinéma qui remonte à l'enfance et ses souvenirs de tournage. Keith Carradine fait de même depuis sa terrasse au soleil dans un entretien récent. Enfin, le podcast Steroïds, uniquement audio donc, permet de compléter de manière plutôt fun sa culture sur le film et surtout ses gros bras pas très fute‑fute.

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