Sans retour
Neuf soldats américains de la Garde Nationale partent en mission de reconnaissance dans les bayous de Louisiane. Pour arpenter la région marécageuse, ils subtilisent des pirogues appartenant à des locaux (les Cajuns) qui, dès lors, ne cesseront de les traquer.
Quand le survival emprunte à l'horreur
Après Le gang des frères James (1980) puis son film culte The Warriors (Les guerriers de la nuit), Walter Hill signe Sans retour en 1981. Fleuron du survival à redécouvrir de toute urgence, Sans retour est aussi une relecture retorse et poisseuse du film de patrouille tel qu'Hollywood en produisit en masse dans les années 1940 et 1950. Longtemps comparé au Délivrance de John Boorman, le film explore lui aussi le délitement d’un groupe d’hommes confronté à la fois à des autochtones et à une nature hostile. Les rednecks parfaitement reconnaissables dans le survival de 1972 laissent ici la place à des apparitions fugaces et lointaines, à peine perceptibles et pourtant prêtes à attaquer au moment opportun. Un virage vers les codes du cinéma d’horreur qui combine la toute‑puissance du hors‑champ à une menace diffuse et insaisissable.
La métaphore du Vietnam
Au cours de cette odyssée cauchemardesque, les liens se défont et l’apparence d’une cohésion militaire sera vite atomisée par des travers individualistes qui confinent à la folie. Le choix de situer l’action en 1973 n’est, de toute évidence, pas anodin : embourbés dans un bayou dont ils ignorent les codes, les militaires inexpérimentés (re)vivent les affres de la guerre du Vietnam, mais chez eux. Dans cette Amérique moite et fangeuse (pour la photographie, Andrew Laszlo s’est inspirée des clichés de la guerre de Corée), l’ennemi invisible n’est pas tant le Cajun et ses codes impénétrables, que le frère d’armes derrière lequel se cache finalement un Étranger.