Sans répit
Ce polar français, remake du film coréen Hard Time avec Franck Gastambide (Validé) dans la peau d'un flic ripou, truste depuis sa mise en ligne les premières places chez Netflix dans plus de 70 pays. Malheureusement, après visionnage, la bonne nouvelle se transforme vite en incompréhension totale, elle confirme surtout l'avidité du public pour un contenu easy watching de plus en plus prégnant sur la plateforme.
Gros manque de crédibilité
Alors qu’il se rend aux funérailles de sa mère, un lieutenant de police corrompu tue par accident un homme sur la route. Tentant de camoufler son méfait par tous les moyens possibles ‑dont les plus incongrus‑ il se retrouve entraîné dans une spirale sans fin d’événements imprévus.
Si le pitch est efficace, sa mise en application à l'écran l'est beaucoup moins, à commencer par la scène d’ouverture où tout sonne faux, le personnage principal commentant systématiquement ce qu’il est en train de faire, faute de pouvoir faire passer l'information ‑et l'émotion‑ autrement. Une sorte de stabilotage verbal superflu qui perdure tout le film, auquel s'ajoutent des dialogues et des situations non moins improbables. Le barrage de police un peu plus loin en est le plus parfait exemple : rien n'est crédible, du lieutenant qui refuse d'ouvrir son coffre (où gît le fameux cadavre) à l’officier de la paix qui semble carrément auditionner pour Taxi 5.
Un futur maître étalon ?
Tout est si caricatural que le film en devient naturellement incongru, atteignant une sorte de second degré involontaire. Même le pauvre Simon Abkarian a bien du mal à composer avec la partition archétypale qu’on lui donne à jouer. Derrière la caméra, Régis Blondeau (chef‑opérateur sur On a marché sur Bangkok, Mais qui a tué Pamela Rose et les deux Les Profs) filme techniquement et proprement sans jamais parvenir à transcender une seule de ses scènes.
Et pourtant, Sans répit bat des records sur Netflix. Avec 12 millions de visionnages complets, il réalise même le plus gros démarrage d'un film français sur Netflix depuis juin 2021 et se retrouve dans le Top 10 des longs métrages les plus visionnés sur Netflix dans 74 pays. Conclusion : on est content pour l’équipe et la plateforme, un peu moins pour le polar et le cinéma. L’idée que ce succès devienne à l’avenir le maître étalon pour d’éventuelles suites et d'autres films du même genre, effraie.