Sans laisser de traces
Étienne Meunier (Benoît Magimel) occupe un poste clef dans un grand groupe de fabrication de produits d’entretien. Si tout se passe bien, il va sous peu en prendre la présidence. Mais il a quelque chose sur la conscience, quelque chose qui lui pèse depuis des années. Tout cet empire, il l’a bâti sur une tricherie. Alors qu’il n’était qu’un simple ingénieur au sein de l’entreprise, il a eu l’opportunité de s’approprier la formule d’un produit chimique, élaborée par un postulant chercheur. Formule qui n’avait pas été brevetée… Étienne n’a jamais dévoilé à quiconque ce secret qui le hante, jusqu’au jour où débarque dans sa vie un ami d’enfance, Patrick Chambon (François‑Xavier Demaison), qui le persuade d’aller s’excuser auprès de l’homme qu’il a lésé. Mais les choses tournent mal, et Patrick tue accidentellement le pauvre hère…
Scénariste confirmé spécialisé dans les comédies (Prête‑moi ta main, Mensonges et trahisons et plus si affinités…, Molière, Le petit Nicolas et bientôt Astérix chez les Bretons), Grégoire Vigneron fait d’une pierre deux coups. Avec Sans laisser de traces, il livre à la fois sa première réalisation et sa première incursion dans le film noir. Le long métrage, écrit à quatre mains par Grégoire Vigneron et son acolyte Laurent Tirard (metteur en scène de Molière et du Petit Nicolas), ne se montre hélas pas convaincant. Et c’est justement l’écriture qui pèche, colonne vertébrale branlante d’un thriller bardé de poncifs, qui peine à trouver sa tonalité.
Malgré l’effort appréciable sur les qualités plastiques du film (notamment la photographie aux teintes glacées, soulignant l’hostilité froide du monde de l’entreprise, et au‑delà, des zones urbaines dénuées d’âme), la caractérisation des personnages manque cruellement de finesse et de psychologie, plombée par la peinture des différents milieux sociaux français (la bourgeoisie, la paysannerie, les habitants des quartiers populaires…). On perçoit bien la volonté d’ajouter un soupçon d’ironie à cette lente descente aux enfers, notamment via une conclusion doucement amorale, mais l'ensemble, bancal, n’assume pas franchement son positionnement. Les comédiens font de leur mieux pour insuffler de la vie à des dialogues souvent artificiels, mais ne peuvent pas accomplir des miracles avec ce canevas cousu de fil blanc…