par Carina Ramon
03 février 2023 - 18h34

Sans filtre

VO
Triangle of Sadness
année
2022
Réalisateur
InterprètesHarris Dickinson, Charlbi Dean Kriek, Woody Harrelson, Henrik Dorsin, Iris Berben
éditeur
genre
notes
critique
7
10
label
A

La dernière Palme d’or à Cannes s'ouvre sur une séquence géniale et décapante dans les coulisses d'un casting de mode homme. Le décor est planté, celui des apparences, de l'argent facile et de l'égalité des sexes (le mannequinat homme est une des rares professions où les hommes gagnent moins que les femmes).

 

Le grand shaker de Ruben Östlund

Carl, sur la pente descendante, se fait méchamment recaler (« ou peut‑être avec de la chirurgie ? », lâche la directrice de casting) mais ne tarde pas à retrouver sa fiancée Yaya, influenceuse très à la mode, évidemment accro aux selfies, avec qui il s'embrouille aussitôt autour d'une histoire d'argent. Et les voilà bientôt à bord d'un superbe bateau, invités d'une croisière de luxe où se croisent des milliardaires de toutes sortes bichonnés par une armée de petites mains invisibles.

 

Mais rien ne va se passer comme prévu. Par l'entremise d'une tempête, Ruben Östlund actionne le grand shaker et redistribue des cartes truquées d'avance dans un grand déballage de vomi, de vérités lâchées comme des grenades, d'excréments qui dévalent les escaliers et de petits arrangements bêtes et méchants. Un grand tourbillion qui va voir émerger celle que personne n'avait vu venir, prête à venger tous les affronts endurés. Mais tenir tête à autant de « beau monde » a forcément un prix… 

 

L'art du chaos
Divisées en trois parties, les 2h40 de film passent finalement plutôt bien tant le Suédois Ruben Östlund (aussi Palme d'or à Cannes en 2017 avec The Square) nous embarque dans une aventure inattendue sans temps morts, de plus en plus brutale et chaotique. Et toujours très efficace quand il s'agit de créer le malaise tout en questionnant la finalité d'une société dénuée d'humanité et mue par les intérêts d'une minorité. Le capitaine du bateau, incarné par Woody Harrelson, poète à ses heures et lassé des soirées de gala vides de substance, ne verra d'ailleurs pas de raison particulière à maintenir à flot ce qui ne fonctionne pas.

 

Un film dont le discours n'a pas d'équivalent en ce moment, peu aimable mais drôle. En un mot, saignant.

sur les réseaux
proposer une vidéo
test
blu-ray
cover
Triangle of Sadness
Tous publics
Prix : 24,99 €
disponibilité
26/01/2023
image
BD-50, 167', zone B
2.35
HD 1 080p (AVC)
16/9
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 5.1
Français DTS-HD Master Audio 2.0
Suédois Dolby Atmos
Suédois Dolby TrueHD 7.1
sous-titres
Français, français pour sourds et malentendants
7
10
image

Filmer de beaux décors pour mieux les dynamiter. Tel est le terrain de jeu du réalisateur et son directeur photo Fredrik Wenzel. Contrastée, assez séduisante mais réaliste, l'image de Sans filtre est elle aussi un bel uppercut visuel.

7
10
son

La piste suédoise Dolby Atmos participe à bien retranscrire le chaos annoncé et apporte surtout un beau naturel et de la crédibilité. On ne peut que conseiller cette dernière tant la VF, malgré ses qualités, apparaît moins cinglante dans les intonations et sa dynamique.

3
10
bonus
- Interview de Dolly de Leon qui incarne Abigail dans le film et de Ruben Östlund lors de leur passage à Cannes (19')
- Scènes coupées (13')

Sympa mais un peu léger quand même pour une Palme d'or.

en plus
soutenir
Recevez l’actualité tech et culture sur la Newsletter cesar
Inscrivez-vous
OK
Non merci, je suis déjà inscrit !