Salvo
Ce fut sans doute la proposition la plus intéressante de la Semaine de la critique à Cannes en 2013, une surprise à laquelle personne ne s’attendait : premier film d’un duo d’Italiens inconnus au bataillon (Grassadonia et Piazza), Salvo débute comme un énième film de mafia. On se dit que c’est parti pour un sous‑Gomorra, mais très vite on respire, Salvo cherche autre chose, loin des sentiers balisés du genre.
Dans les quartiers terreux de Palerme, des hommes se poursuivent, se tirent dessus, on n’y comprend pas grand‑chose. Parmi eux, un tueur à gages, tout en noir, le regard d’acier, le geste précis, sorte de Samouraï du sud qui vit en ascète dans une petite piaule déprimante. L’homme est un tueur à gages mutique, il se nomme Salvo (interprété par un très bon acteur d’origine palestinienne, Saleh Bakri). Séquence suivante : il doit exécuter un contrat, tuer le responsable du massacre initial. C’est chose faite, dans une villa de la côte, mais plutôt que de repartir immédiatement, Salvo se planque dans le sous‑sol de la maison. Là, il découvre une jeune femme, sourde et muette, c’est la sœur de sa victime. Entre eux, débute un étrange jeu du chat et de la souris, et le film, brutalement, change de rythme et de direction.
La suite (les deux se retrouvent poursuivis par un gang) emprunte la voie du film mental, abstrait, épuré. Une merveille qui marque la naissance d’un tandem à suivre.