RTT
Arthur (Kad Merad) est ce que l’on pourrait appeler une mule. Dans tous les sens du terme, d’ailleurs. D’un côté, il vient de se faire plaquer, apprend que son ex va se remarier à Miami, et décide sans une once de bon sens de se rendre à la cérémonie, pour lui « ouvrir les yeux ». Une tête de mule, quoi. De l’autre, il croise à l’aéroport la route d’une voleuse d’œuvres d’art (Mélanie Doutey), elle aussi en partance pour Miami et coursée par la police, qui profite du benêt pour planquer une toile dans sa valise. Et lui, ne voit rien. Une mule, on vous dit ! Hop, l’avion décolle, et les voilà embarqués dans une aventure en Floride, pieds et poings liés. Enfin, surtout les poings, puisque la police les a unis par les liens sacrés des menottes… La cavale commence.
La mangrove des Everglades, les alligators, la moiteur de Miami et ses bâtiments art déco, les moustiques (rayer la mention inutile)… Autant dire que la Floride fournit à la fois le décor pour une idylle « caliente » et les dangers sauvages garantissant une aventure trépidante dans un environnement hostile. Bizarrement, le réalisateur Frédéric Berthe exploite à peine le potentiel naturel et urbain de son sujet, si bien que cette comédie d’aventure romantique (qui se réclame de films comme À la poursuite du diamant vert !) manque cruellement… d’aventure ! Pas l’ombre d’un saurien, même durant la poursuite en air boat dans les marécages des Everglades, seule séquence rythmée profitant un tant soit peu du paysage.
Niveau bluette, le couple Merad/Doutey ne convainc guère, la faute à des personnages mal dégrossis dont la passion soudaine manque cruellement de crédibilité (plus niais que naïf, Kad n’est jamais attachant). Quant aux menottes, elles sont bien vite enlevées, plus encombrantes que génératrices de situations comiques (en tout et pour tout, une pause pipi). Plombé par des péripéties mollassonnes et des dialogues triviaux, RTT semble avoir été écrit et dirigé en pilotage automatique, malgré quelques traits d'humour ou impros salvateurs.