Rolling Stones : Voodoo Lounge Uncut
Dans la lignée de No Security 99, The Rolling Stones poursuivent l'exhumation de leurs vieux lives des années 90 avec ce Voodoo Lounge Uncut. Filmé à Miami en novembre 1994 peu de temps après la sortie de l'album du même nom, ce concert avait bénéficié d'une sortie en VHS à l'époque, mais dont quelques morceaux avaient été tronqués. Cette ressortie Blu‑Ray 25 ans plus tard est donc l'occasion pour le groupe de proposer pour la première fois son concert en version intégrale de plus de 2h30, avec pas moins de 28 morceaux joués sur scène.
Un show qui ressemble surtout à une grosse machine bien huilée avec sa scène exagérément large éclairée par au moins 200 projecteurs qui remuent dans tous les sens. Avec sa très longue set‑list qui alterne sans transition grands tubes et titres moins connus (sans qu'aucune de ces raretés n'attire particulièrement l'attention), Voodoo Lounge Uncut semble assez dépourvu d'enjeu, de danger et tout simplement d'intérêt. Chacun est à sa place : Mick Jagger assure le show sans génie en faisant quelques déhanchés d'un bout à l'autre de la scène pendant que le duo Richards‑Woods balance ses riffs avec une certaine paresse (voir l'introduction bâclée du pourtant très classe Monkey Man). Derrière eux, un backing band manquant affreusement de subtilité (particulièrement au niveau des choristes). Quelques invités viennent parfois rompre la monotonie du show : une jeune Sheryl Crow s'amuse sur une version assez balourde de Live With Me, tandis que les Stones se font l'honneur d'accueillir le grand Bo Diddley (et sa guitare rectangulaire !) pour revisiter son classique Who Do You Love ? sans vraiment d'explication. Pas de quoi cependant effacer la profonde sensation d'ennui face à ce show du siècle dernier, avec ses effets de scène un peu ringards (fumée, costumes moches) et dont la piteuse qualité visuelle à l'écran (un Blu‑Ray SD comme décrit sur la jaquette, qui ressemble quasiment à un transfert depuis une vieille VHS de l'époque malgré la restauration annoncée) ne fait qu'accentuer la profonde inutilité.
Peu de temps après le début du show, Mick Jagger lance au public : « Nous nous sommes dit : et si nous faisions quelque chose que nous n'avons jamais fait auparavant, quelque chose de différent ? ». Acclamations du public. Vingt secondes plus tard, le groupe se lance dans une version banale de (I Can't Get No) Satisfaction. La pointe d'humour provoquera peut‑être un sourire. Mais elle est aussi révélatrice du morne programme proposé par de tels concerts : des heures de choses vues et revues d'où ne ressort absolument rien de neuf et rien d'excitant. À part peut‑être pour les fans compulsifs qui sont, de toute façon, l'unique cœur de cible d'une telle réédition.