Rolling Stones : Olé Olé Olé !
Février 2016, les Rolling Stones se lancent dans une tournée de quatorze dates en Amérique du Sud. Un événement à guichets fermés qui les fait visiter pour la première fois l'Uruguay, le Pérou et la Colombie, avant de conclure en apothéose par un concert historique à Cuba, le premier d'un groupe britannique sur l'île de toute son Histoire, face à plus d'un million de spectateurs. Réalisé par Paul Dugdale, Olé Olé Olé ! A Trip Across Latin America retrace cette tournée sous la forme d'un film hybride, entre carnet de route, récit rétrospectif et documentaire sur les fans du groupe. Une odyssée rock'n roll ponctuée par les aléas de l'organisation très complexe du concert à La Havane.
On suit donc les quatre membres du groupe (même si Charlie Watts est, comme à son habitude, fort discret) allant de ville en ville, backstage et dans les rues. La caméra nous fait découvrir les coulisses d'une super‑production parfaitement rodée du côté de ces musiciens immortels. L'occasion pour le groupe d'évoquer des anecdotes intimes et rares (la composition de Honky Tonk Women au Brésil en 1968 avec Mick Jagger et Keith Richards) et de livrer quelques réflexions sur le temps qui passe et leur rapport à leur propre légende. Moments forts mais parfois interrompus par des interludes organisationnels un peu longs.
L'autre pendant du film, ce sont les rues et le public : de Lima à Mexico, Dugdale amène sa caméra à la rencontre des fans du groupe et dresse en creux le portrait d'un continent à l'Histoire complexe, parfois marquée par la dictature et l'interdiction de la musique occidentale. En Argentine, il s'attarde ainsi sur les Rolingas, un véritable mouvement de fans des Stones né pendant les années de la Révolution Argentine. Des moments évidemment assez fragmentaires, récits de liberté politique, parfois maladroitement reliés à la musique des Stones. Qu'importe, l'enthousiasme des intervenants et la beauté des lieux nous raccrochent à ce récit de tournée généreux et bienveillant.
Un seul paradoxe finalement face à ce film : l'impression de regarder le making of bonus d'un Blu-Ray de tournée qui n'existe pas, ou partiellement (seul le concert de Cuba est sorti en version intégrale, voir Havana Moon). Le long des 100 minutes du film, les extraits live sont souvent tronqués ou prétextes à des monologues en voix off. Il faut attendre la toute fin pour avoir un vrai moment de show ininterrompu... mais avec deux morceaux tirés du live à Cuba déjà sorti ! Pour qui s'adresse donc vraiment Olé Olé Olé ? Les fans, évidemment, qui lui pardonneront son indulgence et son côté anecdotique pour le simple plaisir de passer un moment privilégié au cœur du cirque rock nommé Rolling Stones. Pour les autres, aussi charmantes et colorées que soient les images, le documentaire pourra prendre des allures de soirée diapositives.