Revenge
C’est dans ce sous‑genre du cinéma d’exploitation ‑le rape and revenge‑ plébiscité dans les séries B américaines, italiennes et japonaises des années 1970, que certains chefs‑d’œuvre ont été réalisés, à commencer par Delivrance (John Boorman, 1972) et Chien de paille (Sam Peckinpah, 1971). Malgré son titre on ne peut plus clair, Revenge reste à des années‑lumière de ses illustres modèles.
Le scénario de cette série B vaguement subversive tient en quelques mots : un homme invite sa jeune maîtresse dans une villa de luxe en plein désert, bientôt rejoints par deux amis pour une partie de chasse. La cohabitation dégénère, la jeune femme est violée. Du statut de victime, elle passe bientôt à celui de chasseuse. Un programme simple et linéaire propre au genre qui aurait pu aboutir à une jolie pépite au féminin.
Mais dès le départ, les situations invraisemblables s'enchaînent, à commencer par une chute improbable qui va transformer la jolie bimbo en Lara Croft prête à tout pour dégommer ses poursuivants. Avec des effets gore d’une gratuité affligeante, ses personnages caricaturaux désincarnés par de mauvais comédiens, ses dialogues abyssaux, ses accessoires surréalistes (il fallait oser la lunette de précision sur un fusil à pompe…) et ses faux raccords (à droite ou à gauche le volant, il faut choisir), il ne reste guère que la réalisation, basée sur une imagerie publicitaire grand luxe avec sa photo ultra‑contrastée et ses plans cadrés au millimètre, pour ébouriffer les ados visiblement en ligne de mire.
Car la réalisatrice a sans doute beaucoup pensé à eux en filmant à outrance et sous toutes les coutures les fesses de son actrice, principe racoleur délaissant d'office toute tentative de mutation psychologique. Elle passe ainsi en un claquement de doigt (même constat pour ses poursuivants) en mode guerrière, traquant des bougres vraiment pas doués pour des chasseurs. Cela sent la révolution bobo féministe qui ne va pas bien loin, et pour le renouveau du cinéma de genre ou la découverte de la nouvelle Catherine Biglow, le chemin est encore long.
Le film est sorti aux USA et la critique a aimé, tant mieux pour ce premier film qui a trouvé un public. C’est aussi (et surtout ?) de bon augure pour ceux qui voudraient tenter leur chance dans un genre similaire. Car après Revenge, la marge de progression est vertigineuse.