par Cédric Melon
22 juin 2018 - 15h50

Revenge

année
2018
Réalisateur
InterprètesMatilda Lutz, Kevin Janssens, Vincent Colombe
éditeur
genre
notes
critique
3
10
A

C’est dans ce sous‑genre du cinéma d’exploitation ‑le rape and revenge‑ plébiscité dans les séries B américaines, italiennes et japonaises des années 1970, que certains chefs‑d’œuvre ont été réalisés, à commencer par Delivrance (John Boorman, 1972) et Chien de paille (Sam Peckinpah, 1971). Malgré son titre on ne peut plus clair, Revenge reste à des années‑lumière de ses illustres modèles. 


Le scénario de cette série B vaguement subversive tient en quelques mots : un homme invite sa jeune maîtresse dans une villa de luxe en plein désert, bientôt rejoints par deux amis pour une partie de chasse. La cohabitation dégénère, la jeune femme est violée. Du statut de victime, elle passe bientôt à celui de chasseuse. Un programme simple et linéaire propre au genre qui aurait pu aboutir à une jolie pépite au féminin. 

 

Mais dès le départ, les situations invraisemblables s'enchaînent, à commencer par une chute improbable qui va transformer la jolie bimbo en Lara Croft prête à tout pour dégommer ses poursuivants. Avec des effets gore d’une gratuité affligeante, ses personnages caricaturaux désincarnés par de mauvais comédiens, ses dialogues abyssaux, ses accessoires surréalistes (il fallait oser la lunette de précision sur un fusil à pompe…) et ses faux raccords (à droite ou à gauche le volant, il faut choisir), il ne reste guère que la réalisation, basée sur une imagerie publicitaire grand luxe avec sa photo ultra‑contrastée et ses plans cadrés au millimètre, pour ébouriffer les ados visiblement en ligne de mire. 

 

Car la réalisatrice a sans doute beaucoup pensé à eux en filmant à outrance et sous toutes les coutures les fesses de son actrice, principe racoleur délaissant d'office toute tentative de mutation psychologique. Elle passe ainsi en un claquement de doigt (même constat pour ses poursuivants) en mode guerrière, traquant des bougres vraiment pas doués pour des chasseurs. Cela sent la révolution bobo féministe qui ne va pas bien loin, et pour le renouveau du cinéma de genre ou la découverte de la nouvelle Catherine Biglow, le chemin est encore long.


Le film est sorti aux USA et la critique a aimé, tant mieux pour ce premier film qui a trouvé un public. C’est aussi (et surtout ?) de bon augure pour ceux qui voudraient tenter leur chance dans un genre similaire. Car après Revenge, la marge de progression est vertigineuse.

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blu-ray
cover
- de 12 ans
Prix : 19,99 €
disponibilité
13/06/2018
image
BD-50, 108', zone B
2.35
HD 1 080p (AVC)
16/9
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 5.1
sous-titres
Français pour sourds et malentendants
8
10
image

De ce côté‑là, une belle première réalisation qui, visuellement, claque comme dans une pub. Les décors, la villa de luxe, le désert (le film a été tourné au Maroc), le fessier de Mademoiselle, tout est beau, ciselé à la perfection et retravaillé en post‑production pour proposer un vernis jauni du plus bel effet. La photographie est signée Robrecht Heyvaert (Les Ardennes) et cela se voit. À part des artefacts de compression bien visibles lors d'un plongeon dans la piscine, il n'y a rien à redire.

7
10
son

Peu dialogué (qui s'en plaindrait ?), l'espace sonore disponible n'est pas si bien utilisé que cela. Le score fait ce qu'il peut, bien aidé par les basses (pâles d'hélicoptère, moto…) et les râles des protagonistes. Mais au fond, la sensation de vide prédomine malgré quelques effets bien sentis aux quatres coins de la salle Home Cinéma. Un rendu honnête mais qui manque de matière et de présence. 

2
10
bonus
- Entretien avec Coralie Fargeat (3')

La réalisatrice livre tous azimuts ses influences tous domaines confondus. Quelque part entre Pac‑Man et David Linch.

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