Red Rocket
Après une carrière dans le porno à Los Angeles, Mikey Saber (Simon Rex) revient dans sa petite ville natale du Texas. Fauché et sans domicile fixe, il s’incruste chez son ex‑femme et sa belle‑mère. Il trouve un petit job de dealer et décide d’approvisionner les ouvriers du coin. Sa rencontre avec Raylee (Suzanna Son) surnommée Strawberry, une jeune vendeuse de donuts à peine sortie de l’adolescence, va lui offrir une nouvelle perspective d’avenir…
L'Amérique des déclassés
On se souvient du précédent (et remarquable) film de Sean Baker, The Florida Project (2017) dans lequel Moonee (Brooklyn Prince) et sa mère ado côtoyaient le royaume enchanté de Disney… de l’autre côté du périph.
Red Rocket dépeint à nouveau cette Amérique des déclassés et des laissés‑pour‑compte à laquelle Trump a promis de rendre la vie meilleure. C’est donc peu avant la victoire du candidat en 2016 que Mikey (ex‑acteur de porno gay en vrai) prend le rêve américain à contre‑courant. Imbu de son passé de hardeur, il mise sur le capital porno de Strawberry et s’imagine revenir dans le milieu grâce à leurs performances dans l’intimité. Tour à tour drôle et odieux, Mikey cristallise les attentes bling‑bling et la dérive nombriliste d’une Amérique malade de ses inégalités.
Derrière la carte postale, un loser sans panache
C’est à travers ses paysages clichés (de la banlieue proprette au magasin de donuts) aux couleurs saturées que le malaise transparaît. Derrière la carte postale, se profilent les mensonges et l’art (parfois limite) de la débrouille d’un loser sans panache et graduellement détestable.