par Carole Lépinay
09 septembre 2022 - 19h00

Red Rocket

année
2021
Réalisateur
InterprètesSimon Rex, Bree Elrod, Suzanna Son, Brenda Deiss, Judy Hill, Brittney Rodriguez
éditeur
genre
notes
critique
7
10
A

Après une carrière dans le porno à Los Angeles, Mikey Saber (Simon Rex) revient dans sa petite ville natale du Texas. Fauché et sans domicile fixe, il s’incruste chez son ex‑femme et sa belle‑mère. Il trouve un petit job de dealer et décide d’approvisionner les ouvriers du coin. Sa rencontre avec Raylee (Suzanna Son) surnommée Strawberry, une jeune vendeuse de donuts à peine sortie de l’adolescence, va lui offrir une nouvelle perspective d’avenir…


L'Amérique des déclassés

On se souvient du précédent (et remarquable) film de Sean Baker, The Florida Project (2017) dans lequel Moonee (Brooklyn Prince) et sa mère ado côtoyaient le royaume enchanté de Disney… de l’autre côté du périph.

 

Red Rocket dépeint à nouveau cette Amérique des déclassés et des laissés‑pour‑compte à laquelle Trump a promis de rendre la vie meilleure. C’est donc peu avant la victoire du candidat en 2016 que Mikey (ex‑acteur de porno gay en vrai) prend le rêve américain à contre‑courant. Imbu de son passé de hardeur, il mise sur le capital porno de Strawberry et s’imagine revenir dans le milieu grâce à leurs performances dans l’intimité. Tour à tour drôle et odieux, Mikey cristallise les attentes bling‑bling et la dérive nombriliste d’une Amérique malade de ses inégalités.

 

Derrière la carte postale, un loser sans panache

C’est à travers ses paysages clichés (de la banlieue proprette au magasin de donuts) aux couleurs saturées que le malaise transparaît. Derrière la carte postale, se profilent les mensonges et l’art (parfois limite) de la débrouille d’un loser sans panache et graduellement détestable.

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Tous publics
Prix : 19,99 €
disponibilité
08/06/2022
image
BD-50, 130', zone B
2.35
HD 1 080p (AVC)
16/9
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 5.1
Français Audiodescription
Anglais DTS-HD Master Audio 5.1
sous-titres
Français imposé sur la VO, français pour sourds et malentendants
8
10
image

Saturée et surexposée jusqu'à l'écœurement ou presque, cette image très stylisée fait en grande partie le film. Couleurs, acidité, tout fait toc mais tout est vrai. Un décor de dessin animé qui contraste avec les usines en arrière‑plan, les cheminées et les raffineries grisou. Un graphisme tenu de bout en bout, parfaitement rendu sur ce master impeccable.

7
10
son

Les voix en VF sont clairement moins bien intégrées, alors que la VO apporte en plus de son naturel ce phrasé et cet accent typiques du cru. Beaucoup de tchatche, soyez prévenu.

5
10
bonus
- Entretien avec Sean Baker et Simon Rex (22')
- Retour sur le casting (2')
- La musique (1')
- Bande-annonce

Le covid ayant mis entre parenthèses l'un de ses projets, Sean Baker a rebondi sur une idée qui lui trottait dans la tête depuis une bonne dizaine d'années : les acteurs du milieu porno qui vivent aux crochets de leurs partenaires à l'écran. Le choix du titre issu de l'argot américain peut s'interpréter de différentes façons, entre autres « parties génitales du chien »… Baker raconte son excellente collaboration avec son acteur principal, emballé par le script volubile, percutant et plein de scènes de nudité. 

 

Sur le tournage, Sean Baker encourage l'improvisation. Le secret de ses films « bruts de décoffrage » tient aussi dans la recherche d'acteurs inexpérimentés. Le réalisateur a aussi engagé de vrais habitants d'un patelin, un gage d'authenticité absolu. 

 

Côté musique, un revival des NSYNC avec Bye Bye Bye sorti en 2000. Un titre qui, selon Baker, est parfait à tous les niveaux, surtout lorsqu'il est repris par la jeune actrice lors de l'une des scènes les plus émouvantes du film.  

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