Rebel Ridge
Un ex‑Marine s'attaque à la corruption dans une petite ville des États‑Unis quand la police saisit injustement le sac contenant l'argent prévu pour payer la caution de son cousin.
L'art du slow burn
Dans ce polar slow burn (« à mèche lente », l'auteur va prendre un malin plaisir à faire durer le suspense), Jeremy Saulnier (Green Room) démontre qu’il en a effectivement sous le capot. Ici, il faut moins de 5 minutes pour que le réalisateur de Blue Ruin réussisse à installer une tension telle qu'elle ne retombera pas de tout le film. Cette tension repose sur un point de départ simpliste qui n’est pas sans rappeler le premier Rambo, avant de lentement mais sûrement s’en éloigner tout en réussissant à conserver la substantifique moelle du chef‑d’œuvre de Ted Kotcheff avec Sylvester Stallone.
Entre old school et sophistication
Il est bien aidé en cela par un scénario (écrit par lui‑même) à tiroirs particulièrement bien ficelé qui sait aussi bien brosser des personnages fascinants et inquiétants, que ciseler des dialogues percutants ou imaginer des scènes d’action d’une rare efficacité. Saulnier passe son temps à résister aux sirènes du spectaculaire jusqu’à la rupture, cédant juste ce qu’il faut au tout dernier moment et de manière inattendue afin de maintenir l’intérêt du spectateur à son paroxysme. Il surprend aussi constamment par ses choix de mise en scène, habile mélange de plans old school et sophistiqués. L'art de saisir le bon geste, le bon regard, ce n'est pas donné à tout le monde. Le montage est d'ailleurs ultra‑lisible et efficace.
Pour le plaisir
Le seul mot d’ordre du réalisateur semble avoir été de donner du plaisir en se faisant plaisir mais toujours avec rigueur. En cela, sa réalisation est à l’image de son casting qui, d’Aaron Pierre à Don Johnson en passant par Anasophia Robb, est parfait dans toutes les scènes. Du cinéma comme on l’aime, sans esbroufe ni maniérisme, au service d’une histoire pleine de surprises. Au final, Rebel Ridge est en tout point jubilatoire. Comme quoi, cinéma et Netflix peuvent aussi faire bon ménage, en tout cas quand c’est Jeremy Saulnier qui est aux manettes.