par Cédric Melon
27 août 2018 - 15h50

Ready Player One

année
2018
Réalisateur
InterprètesTye Sheridan, Olivia Cooke, Simon Pegg, Ben Mendelsohn, Lena Waithe
éditeur
genre
notes
critique
8
10
label
A

Une fois encore, Steven Spielberg donne une leçon de mise en scène avec un film spectaculaire, inventif, malin et divertissant.


En 2045, le monde est au bord de l’explosion. Le dernier refuge de l’humanité, c’est l’OASIS, un univers virtuel inventé par le génie excentrique James Halliday. Juste avant de disparaître, ce dernier a décidé de léguer son immense fortune à celui qui découvrira, après avoir résolu un certain nombre d’énigmes, « l’œuf de pâque numérique » qu’il a pris grand soin de dissimuler dans l’OASIS. Parmi les chasseurs de trésors potentiels, Wade Watts (Tye Sheridan) décide tenter sa chance.


La mise en scène de Steven Spielberg, 71 ans, est d’autant plus surprenante que juste avant d'entrer dans cet univers tout‑numérique, il réalisait Pentagone Papers, un film de facture hyper‑classique au cœur du journalisme US. Adapté du roman de Ernest Cline, Ready Player One est un mix improbable entre la réalité virtuelle d’aujourd’hui et de la nostalgie culturelle des années 80 dont les références pleuvent sans discontinuer. Elles sont même tellement nombreuses qu’il est quasiment impossible de toutes les lister. De la saga Star Wars à la DeLorean de Retour vers le futur en passant par les jeux vidéo Street Fighter et Pac‑Man, tout y passe. Tout, sauf les propres films de Spielberg auxquels il évite soigneusement de faire référence à une ou deux exceptions près (les films de son studio de cinéma Amblin sont véritablement un marqueur des Eighies).

 

Si Spielberg se fait évidemment plaisir lorsqu'il rend hommage à l'immense Shining de Kubrick dans une séquence aussi hallucinante que réjouissante, il n'en oublie pas pour autant les spectateurs : la caméra fonce, vole, virevolte, tourbillonne et offre des moments de bravoure cinématographiques cathartiques d’une puissance et d’une portée inégalées, à commencer par la course de bolides façon Tron qui vaut absolument le détour. 

 

Entre les mains de Spielberg, l’outil numérique devient une arme absolue capable d’accoucher d'un chef‑d’œuvre cinématographique qui relègue les nouveaux Star Wars et autres Avengers au rang de grossières exploitations mécaniques et sans âme de la chose numérique. Et même si les séquences en dehors du monde virtuel sont plus faibles (les aller‑retour entre monde réel et fictif fonctionnent à merveille), le réalisateur livre un chef‑d’œuvre personnel, radical et futuriste aux accents nostalgiques (difficile de ne pas voir l'ombre du maître sous les traits de l'avatar de James Halliday…). On juste envie de demander à J.J. Abrams, Joe Russo, Anthony Russo et autre James Gunn : alors, les amis, c’est qui le patron ? 

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4k
cover
Tous publics
Prix : 34,99 €
disponibilité
08/08/2018
image
1 UHD-99 + 1 BD-50 + 1 BD 3D, 140', toutes zones
2.35
UHD 2 160p (HEVC)
HDR10
HDR Dolby Vision
16/9
bande-son
Français Dolby Atmos
Français Dolby TrueHD 7.1
Français DTS-HD Master Audio 5.1
Anglais Dolby Atmos
Anglais Dolby TrueHD 7.1
Anglais DTS-HD Master Audio 5.1
Espagnol Dolby Digital 5.1
sous-titres
Français, anglais pour sourds et malentendants, néerlandais, espagnol
10
10
image

Spielberg et le directeur de la photographie Janusz Kaminski, fidèle parmi les fidèles (Minority Report, A.I, Munich, La guerre des mondes, Lincoln, Le pont des espions, Le BGG, Pentagon Papers…), opèrent des choix artistiques clairs et mitonnent une image délicieuse qui prend l'exact contre‑pied criard et vulgaire des films futuristes du moment, tout en restant crédible et appétissante. Les aller‑retour d'un monde à l'autre sont des modèles de mise en scène, Spielberg enchaînant les figures de style acrobatiques avec des scènes façon poupées russes, emboîtées les unes dans les autres (effet garanti sur la séquence Shining). Quant à la découverte de l'OASIS et ses mondes virtuels ramifiés, impossible de ne pas rêver les toucher du doigt un jour… magique.

 

Qu'il s'agisse du monde réel grisou ou des effets néon du monde virtuel, on se rend très vite compte des bienfaits de cette 4K labellisée HDR Dolby Vision : noirs extrêmes, blancs parfaits, brillance des matières, beauté des lumières, détail des textures et des avatars tout‑numériques. Un petit passage par le disque Blu‑Ray du coffret montre à quel point tout est plus fade, plus éteint, moins précis sur ce format. Lors de la scène de la boîte de nuit par exemple, la robe rouge d'Art3mis n'a pas du tout le même rendu en 4K et en Blu‑Ray. Ce master n'a pourtant bénéficié que d'un Digital Intermediate 2K et non 4K…

 

Une claque autant visuelle qu'intellectuelle dont la photographie jamais clinquante ni outrancière séduit par sa solidité, ses contrastes, son assise et ses nuances au sein de la même image. Pas besoin de tout déballer quand on évolue à ce niveau. Au final, on apprécie la sobriété tout en prenant une grande claque. C'est très (très) fort.

10
10
son

Tout est bon dans Ready Player One (la VF aussi, même si l'on préfère largement le jeu et l'ambiance de la VO), à commencer par ses pistes sonores. De haut vol et parsemées de tubes du grenier issus des 80's, taillées pour le projet fou de Spielberg (qui d'autre ?), elles donnent littéralement vie à ce festival tout‑numérique. 

 

Aussi luxuriant d'un point de vue sonore que visuellement, le film enchaîne les séquences à cheval entre jeu vidéo et cinéma. Courses‑poursuites, danses, défis, battles, déluge d'objets volants, pièces à ramasser pour préserver ses vies, ribambelle d'ennemis à occire, explosions numériques, soit autant de gimmicks sonores jamais agressifs qui font de Ready Player One un film d'une richesse sonore quasi infinie. Le réalisateur l'avoue dans les bonus, cela fait longtemps qu'il n'avait pas passé autant de temps à mixer et post‑produire un film… On veut bien le croire !

 

Concrètement, la piste Dolby Atmos ajoute une réelle plus‑value avec sa dimension spatiale tout‑hauteur. Les drones de la corporation IOI donnent l'impression d'envahir l'espace et de voler juste au‑dessus de nos têtes. Idem pour les bolides si près de nous qu'on pourrait presque embarquer à bord, jusqu'à ce que King Kong ne détruise tout sur son passage. Quant à la méga‑battle finale pleine de basses, elle prend des allures de best of de tout ce qu'à produit la pop culture des années 80 à aujourd'hui dans l'univers vidéoludique. Avec mention spéciale pour la séquence travoltienne, juste succulente. 

 

Dernière remarque, comme pour l'image, Spielberg ne tombe jamais dans l'outrance et préserve nos oreilles de toute attaque injustifiée et superflue. On valide d'autant plus.

 

 

5
10
bonus
- Les années 80 : l'inspiration (6')
- Déchiffrer le code (57')
- Les effets spéciaux d'un nouveau monde (24')
- Niveau supérieur : le son du futur (8')
- Meilleur score : fin de partie (10')
- L'excellente aventure d'Ernest et Tye (12')
- Blu-Ray et BD 3D du film

Des interviews face caméra principalement, mais aussi des images du tournage au sein du module le plus important (57 minutes) intitulé Déchiffrer le code. De quoi jetter un œil indiscret dans les coulisses tout en glanant des informations étonnantes. Exemple : le film entier a été filmé en décors virtuels, Spielberg promenant son avatar doté d'une caméra pour les prises de vues. Vous pourrez aussi reconnaître les bruitages tout droit issus de film Titanic lorsqu'une pile de mobiles home s'effondre à l'écran. Un peu plus loin, on découvre tout le travail réalisé sur le plan sonore, ou comment les voix des acteurs dans l'univers réel ont été distordues et retravaillées pour donner vie à leurs avatars. Et si vous vous demandez pourquoi John Williams n'a pas signé exceptionnellement cette BO de Spielberg (c'est Alan Silverstri qui s'y colle), c'est le réalisateur qui répond lui‑même à la question : « Parce qu'il travaillait sur mon autre film, Pentagon Papers ». 

 

Des modules globalement symphatiques donnant également la parole à l'auteur du roman et au comédien Tye Sheridan mais qui manquent toutefois de profondeur et de détail. On aurait grandement apprécié un contenu plus « pop culture » et un énorme focus sur la carrière de Spielberg, fondu de jeux vidéo devant l'éternel.

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