Ray
En 1987, Taylor Hackford était venu présenter à Paris un documentaire consacré à Chuck Berry intitulé Hail ! Hail ! Rock’n’Roll. Quelques années plus tard, le réalisateur d’Officier et gentleman et Soleil de nuit (l'un des meilleurs films sur la danse avec Mikhail Baryshnikov), passe par la fiction et sa passion pour la musique pour décrire l'histoire vraie d'une des plus grandes légendes de la soul et du blues, Ray Charles.
Comme Aviator (où Martin Scorsese reconstitue avec un souci permanent d'authenticité l'univers hollywoodien des années 30 à 50), Ray restitue à merveille l'ambiance de l'industrie du disque des Fifties. En conjuguant habilement bandes sonores d'époque et arrangements musicaux contemporains, Hackford et son équipe parviennent à montrer la vie du « Génie ». Toute sa vie. Son travail en studio, ses débuts dans les petites salles de concert enfumées, ses joies, ses peines, ses travers (problèmes d'amour, de drogue et d'amitié), son évolution depuis les années 30 (la ségrégation raciale) jusqu'aux années 60 (les mœurs comme la musique se libèrent). Remarquable.
D'autant que Jamie Foxx (Collateral) incarne Ray Charles avec un mimétisme bluffant et remporte pour sa performance l’Oscar 2005 du Meilleur acteur. Les intimes de l'artiste n'en sont toujours pas revenus… Lors du casting (effectué du vivant de Ray Charles), le comédien a dû subir une véritable audition de conservatoire et interpréter au piano un morceau du fameux Thelonious Monk. Un monument.
Et puis il y a la musique, véritable force et fil conducteur du film (Oscar 2005 du Meilleur son). Éternelle et enivrante, elle nous transporte du début à la fin. À ce titre, la création spontanée de What I'd Say atteint des sommets d'intensité et d'émotion. Chavirant.