Rapt
Homme d'industrie et de pouvoir, Stanislas Graff est enlevé un matin comme les autres devant son immeuble par un commando de truands. Son calvaire va durer plusieurs semaines. Il sera humilié, mutilé et devra lutter à sa façon contre la « barbarie ». Dehors, son univers se fissure. Collègues, famille, tous découvrent à travers les médias un homme qu'ils ne reconnaissent pas. S'il en réchappe, plus dur sera son retour.
Le dernier film de Lucas Belvaux s'inspire du terrible et médiatique enlèvement du baron Édouard-Jean Empain survenu en 1978, et le transpose dans un monde plus contemporain, proche de nous. Si les noms ont changé, les circonstances et les conséquences du drame sont restituées avec une précision machiavélique.
Contrairement à ce que le titre du film peut laisser supposer, Rapt ne se focalise pas uniquement sur les circonstances du dramatique enlèvement, mais sur l’appréhension et la gestion de « l’après » par sa victime. D’un côté, sa famille va le juger plus que le plaindre, de l'autre, ses collègues vont profiter de cette occasion inattendue pour prendre le pouvoir.
Le film est l’illustration froide et implacable, presque chirurgicale, de la chute d’un homme. L’occasion aussi pour Yvan Attal de retrouver les nuances et la fraîcheur qui le caractérisaient dans Les patriotes d’Éric Rochan (1993). Si la mise en scène très travaillée de Lucas Belvaux sert le propos noir et mécanique du film, il manque parfois ces petits instants de surprise et des enjeux plus clairs, ce qui aurait sans doute permis de soutenir des situations parfois redondantes.