Rampart
Ripou, macho, menteur, assassin. Dave Brown, policier patrouilleur de Los Angeles, a un lourd passif. Accusé de violences par sa hiérarchie et de négligences par sa famille, il va vivre une véritable descente aux enfers.
Sur le papier, Rampart a tout de l’événement : un scénario cosigné par le pape du polar James Ellroy, un acteur intense (Woody Harrelson), une hallucinante galerie de seconds rôles (Sigourney Weaver, Steve Buscemi, Cynthia Nixon, Anne Heche…). Alors pourquoi cette chronique de la chute d’un ripou du LAPD finit‑elle dans une impasse, gisant dans une mare d’ennui profond ?
Le principal suspect, Woody Harrelson, est un habitué des interprétations fiévreuses, voire outrancières. Il s’agit là pourtant d’une fausse piste tant l’acteur contient son énergie et crée même une intéressante bombe à retardement émotionnelle. Oren Moverman, le réalisateur, fait un larron plus crédible : sa réalisation maniérée et son obstination à créer de « beaux plans », magnifiés par la photographie de Bobby Bukowski, méritent une inculpation de complicité. Car cette esthétique, certes, ultra‑léchée, s’avère surtout un total contresens visuel à l’histoire crapoteuse racontée.
Mais le vrai coupable, celui qui a exécuté salement le film d’une balle dans la nuque, est James Ellroy lui‑même. Ellroy dont le scénario recycle tant de vieilles lunes sur la corruption policière qu’il les essore. Ellroy qui déteste tellement son personnage qu’il le dépouille de tout semblant d’humanité ou d’un minimum d’empathie. Ellroy qui, à force d’ellipses paresseuses, laisse un sale goût en bouche aux gourmets qui avaient vibré à sa plume corrosive sur L.A. Confidential.