Radin !
François Gautier est une gigantesque pince. Le plus grand râteau de l'univers. Il vit dans le noir quasi complet, ne mange que le minimum vital et ne possède qu'un seul t‑shirt (offert) dans son armoire. Un rituel de vie immuable qui le pousse à économiser le moindre centime, sa source intense de plaisir. Voir un psy ? Trop cher, son banquier fera l'affaire ! Mais sa petite entreprise bien rodée connaît des ratés lorsque deux femmes entrent soudainement dans sa vie : une collègue violoniste qui lui plaît beaucoup (mais comment l'inviter au restaurant sans rien débourser ?) et une jeune femme qui prétend être sa fille (les enfants, ça coûte cher, c'est bien connu). Gautier va déployer des efforts incommensurables pour tenter de donner le change et même passer pour un philanthrope de première catégorie. Un comble.
Première comédie réussie pour Fred Cavayé (À bout portant, Pour elle). Avec son personnage de radin maladif, il offre à Dany Boon (qui d'autre ?) le rôle très funessien du méchant attachant, capable des pires subterfuges pour cacher sa vraie nature. Dans une grande scène digne de La folie des grandeurs, jouée et montée à la perfection sur un tempo « accelerando » (les musiciens comprendront), on se dit que la relève est assurée. Au moins le temps d'un film.
Évidemment, la petite morale de l'histoire ne tarde pas à arriver, avec son cortège de pathos qui aurait pu tout gâcher. Il n'en est rien, tout est distillé avec suffisamment de finesse pour clore en beauté cette comédie qui parlera forcément à tout le monde. Il faut dire qu'il y a un peu de François Gautier en chacun de nous. Enfin certains plus que d'autres…