Racing Extinction
Après The Cove, la baie de la honte sur le tristement célèbre massacre annuel des dauphins à Taiji au Japon, qui valut à son auteur l'Oscar du Meilleur documentaire en 2010, le photographe, plongeur et activiste Louie Psihoyos nous embarque pour un tour du monde un peu disparate à la recherche des preuves tangibles ‑images choc à l'appui‑ de l'imminence de la disparition de certaines espèces animales.
Spécialiste de l'extinction pour le magazine National Geographic (il a notamment travaillé sur les dinosaures), Louie Psihoyos croit visiblement au pouvoir supérieur de l'image, peu importe qu'elle soit mal renseignée (souvent, le « où, quand, comment » fait défaut), ou mise en scène façon blockbuster en ce qui concerne toutes les opérations clandestines. Sans doute son côté jamesbondien…
Mais cette tendance à l'esbroufe et au sensationnel à tout prix ne doit pas masquer l'essentiel : la méthode scientifique validée par d'éminents spécialistes dont Jane Goodall, ainsi que le travail titanesque opéré par Louie Psihoyos et son équipe pour remonter aux sources du Mal : comprendre les commanditaires des massacres de requins, tortues et autres raies manta majestueuses. La mise à mort de l'une d'elles par des pêcheurs philippins est quasi insoutenable. De même que les images d'ailerons de requins (10 000, 20 000 ? impossible à dire…) séchant à l'air libre et à perte de vue, avant d'être revendus en Chine pour leurs vertus imaginaires.
Si la forme brouillonne et parfois lourdingue agace (répétitions inutiles, trop d'images du sponsor tue le sponsor, transitions abruptes), il n'en reste pas moins que le propos est passionnant, parfois dur (les chats en cage livrés à leur sort funeste, les requins rejetés vivants à la mer sans leurs nageoires…) mais ô combien salvateur quand il s'agit de nous rappeler à quel point la diversité des espaces, du plancton (on lui doit 50% de l'air que nous respirons) et la bonne santé des océans (de plus en plus acides, tuant à petit feu les coraux) sont vitales à notre survie.