par Nicolas Bellet
17 février 2025 - 08h30

Queer

année
2025
Réalisateur
InterprètesDaniel Craig, Drew Starkey, Jason Schwartzman
éditeur
genre
sortie salle
26/02/2025
notes
critique
5
10
A
© Yannis Drakoulidis
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© Yannis Drakoulidis
© Yannis Drakoulidis
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William Lee (Daniel Craig) erre dans les rues et les bars gays du Mexique des années 50, en quête d’un plaisir d’un soir et surtout du besoin d’être aimé. C’est en croisant Eugene que sa vie bascule. Plus jeune que lui, ce dernier l’obsède et le trouble. Mais est‑il, lui aussi, queer ? 

 

00 sex

Luca Guadagnino (Call me by your Name, Challengers) est sans doute l’un des cinéastes qui a su le mieux filmer le désir. Dans Queer, il fait encore une fois preuve de tout son talent, aidé par un Daniel Craig en grande forme. L’ex‑007, malgré sa virilité affichée ‑pistolet en bandoulière et muscles saillants‑ excelle dans la fragilité et la maladresse propres à la timidité amoureuse des premiers instants. Il incarne à merveille cet homme épris qui se demande si l’objet de son affection partage sa sexualité.

 

Dès qu’il croise Eugene (Drew Starkey), William n’est plus le même homme. Son monde se transforme imperceptiblement. Ce basculement intérieur est sublimé par le travail formel du film : l’image sombre, granuleuse et aux couleurs passées, s’éclaire brusquement lorsque l’union est consommée, avant de s’assombrir à nouveau, suivant les états d’âme de William, décontenancé par l’attitude ambivalente d’Eugene.

 

Daniel Craig, à l’aise tant dans sa virilité que dans sa fragilité, est assurément le choix idéal pour ce rôle. Il se montre crédible dans les deux registres, d’autant qu’il semble totalement investi. Les scènes de sexe feront sans doute parler : rarement une star masculine de son envergure est allée aussi loin dans l’introspection masculine. Mais cela reste un détail. Une fois de plus, la caméra de Luca Guadagnino sert avant tout son récit sur le désir, le queer, et l’évocation du fantôme de William S. Burroughs, dont Queer s’inspire librement. C’est là, sans doute, la plus grande qualité du film, mais aussi son principal défaut.

 

Le festin rhabillé

On l’a dit, la mise en scène est primordiale dans le cinéma de Luca Guadagnino. Malheureusement, ici, le scénario l’est un peu moins. À sa décharge, Burroughs est réputé inadaptable et Queer en fait la démonstration. Pourtant, le réalisateur ne manque pas de talent. L’esthétisme fou du film, ses ralentis, sa bande sonore, son Mexique fantasmé et sa jungle exubérante évoquent tour à tour Wong Kar‑wai, Bergman et Cocteau (magnifiquement cité par un extrait d’Orphée). Mais Queer finit par s’égarer et le spectateur avec lui dès la deuxième partie, qui tourne en rond et finit par lasser.

 

La solitude du héros, sa quête et son aboutissement dans la frustration se transforment soudain en une course vers un eldorado artificiel, finalement inutile. Cette quête d’une plante magique aux pouvoirs télépathiques, censée ouvrir les portes de la perception, s’enlise dans des effets stylistiques et des scènes absconses. C’est également à ce moment que Daniel Craig se mue en une sorte de double de Peter Weller dans Le festin nu (adapté aussi de Burroughs), le film perd alors de son intérêt. Pour filmer des odyssées hallucinatoires sous fond de psychotropes, David Cronenberg fait bien mieux.

 

De plus, le sous‑texte du film, qui semble suggérer que le héros aurait recours aux opiacés pour accepter son homosexualité, paraît déplacé. Cela contraste avec la délicatesse avec laquelle la première partie abordait le sujet queer.

 

S’ensuit un troisième acte dans la jungle où les protagonistes partent se reconnecter avec eux‑mêmes… et se déconnectent des spectateurs. Le film sur la passion dévorante, si magnifique dans ses débuts, semble loin derrière. On comprend que ce qui intéressait le réalisateur était avant tout le voyage, et non les voyageurs. Dommage, n’en déplaise au talent indéniable de Daniel Craig et à l’ambigu Drew Starkey.

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