par Laurence Mijoin
02 avril 2010 - 11h55

Qu'un seul tienne et les autres suivront

année
2009
Réalisateur
InterprètesReda Kateb, Farida Rahouadj, Pauline Étienne, Vincent Rottiers, Dinara Droukarova
éditeur
genre
notes
critique
8
10
A

Un : Zohra (Farida Rahouadj, tout en retenue), mère de famille algérienne, fait le deuil de son fils, assassiné en France. Elle part pour l’Hexagone afin de comprendre les motivations du meurtrier, et se rapproche de la sœur de ce dernier pour pouvoir le rencontrer au parloir.
Deux : Stéphane (le brillant Reda Kateb, vu dans Un prophète), en situation financière, familiale et amoureuse précaire, se voit proposer un deal : il recevra une grosse somme d’argent, à condition qu’il accepte de prendre la place d’un prisonnier dont il est le sosie, lors d’une visite au parloir.
Trois : Laure (la révélation Pauline Étienne), adolescente passionnée par le foot, s’amourache d’un jeune rebelle utopiste, incarcéré pour violences contre les forces de l’ordre. Elle cherche alors un adulte pour l’accompagner lors des visites au parloir.

Pour son premier long métrage, sélectionné à la Mostra de Venise et récompensé en 2009 par le prix Michel d’Ornano au Festival de Deauville, la jeune réalisatrice Léa Fehner décide d’aborder les prisons françaises par le prisme des parloirs, univers qu’elle maîtrise parfaitement puisqu’elle a été elle-même visiteuse de prison. Cette zone frontalière, sorte d’antichambre entre le monde des vivants et celui des emmurés, est ici le dénominateur commun des trois destins que l’on suit en parallèle. Dans ce film choral à la trame inhabituelle (aucun des personnages ne se rencontre), chacun devra passer par la case parloir, tôt ou tard, pour évoluer, dans le bon ou le mauvais sens du terme. Car ici, même ceux qui sont dehors subissent les dommages collatéraux de l’enfermement.

Direction d’acteur au diapason, comédiens aux gueules taillées pour leur rôle, scénario très structuré et mise en scène naturaliste, Léa Fehner fait de son essai un petit coup de maître, même si dans ce type de procédé narratif, certains personnages peuvent manquer de profondeur. Un premier film brut de décoffrage qui dresse un constat saisissant de notre société, de ses marginaux et de la liberté parfois illusoire qu’elle semble garantir.

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dvd
cover
Tous publics
Prix : 19,99 €
disponibilité
07/04/2010
image
DVD-9, 115', zone 2
1.85
SD 576i (Mpeg2)
16/9 compatible 4/3
bande-son
Français Dolby Digital 5.1
Français Dolby Digital 2.0
sous-titres
Aucun
8
10
image
Le niveau de détail et la définition s’avèrent très satisfaisants. La photo crue est accentuée par de beaux contrastes, offrant des noirs opaques et témoignant d’une haute qualité de compression. Une très belle copie, faisant honneur à son contenu.
5
10
son
La qualité sonore des dialogues, parfois inintelligibles et étouffés, parfois mal équilibrés dans leur volume, est le seul petit hic de cette édition. Car niveau spatialisation, la piste Dolby Digital 5.1 remplit son office, assignant aux canaux arrière les bruits d’ambiance, notamment les scènes en extérieur, sous la pluie… Même en stéréo, l’encodage offre une belle dynamique d’ensemble.
8
10
bonus
- Interview de Léa Fehner (19')
- Court métrage de Léa Fehner, Sauf le silence (13')
- Entretien avec Farida Rahouadj (8')
- Casting de Pauline Étienne (7')
- Scènes coupées (4')
- Extrait de l'émission de France Inter Le masque et la plume (9')
- Bibliographie et liens autour du parloir
- Bande-annonce (1')
Graves, à l’image du film, les suppléments sont variés et permettent surtout de mieux comprendre ce qui compose le cinéma de Léa Fehner. On y découvre une interview de la réalisatrice, qui explique judicieusement ses choix de mise en scène et l’origine de sa motivation, ainsi que son court métrage, Sauf le silence, déjà sur les parloirs. Dans un entretien, l’actrice Farida Rahouadj aborde son personnage avec beaucoup d’intérêt. Enfin, le casting de Pauline Étienne dévoile le talent de la jeune comédienne qui, à 20 ans, a déjà partagé l’affiche d’un film avec Michel Piccoli, pour Le bel âge.
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