Propriété privée
Boots (Warren Oates dans un premier grand rôle) et Duke (Corey Allen), deux jeunes marginaux, suivent une jeune femme jusqu’à sa résidence. Ils décident alors de squatter une villa mitoyenne abandonnée afin de l’épier au quotidien.
Premier film de Leslie Stevens (entre deux fictions notables ‑Hero’s Island et Incubus‑ le réalisateur a beaucoup œuvré dans l’univers sériel, il a également collaboré au scénario du formidable western d’Arthur Penn en 1958, Le gaucher), Propriété privée est considéré comme un thriller atypique, hitchcockien à travers une maîtrise virtuose de la tension, et très critique à l’égard du grand vide engendré par l’American Way of Life.
Il n’y a qu’à repérer le mobilier et le matériel dernier cri qui accessoirisent le quotidien régulé des Carlyle. Souvent absent pour le travail, Roger n’est pas plus présent pour sa compagne Ann (Kate Manx, épouse du cinéaste mit fin à ses jours à seulement 34 ans), une fois son confort domestique regagné, il communique peu avec elle, lui donnant si peu d’épaisseur qu’elle semble à son tour faire partie des meubles.
Cloîtrée dans un foyer d’épouse modèle, ou fantasmée par le duo de parias voyeur, Ann évoque ces personnages du peintre David Hockney, à l’abandon au bord de leur piscine. Elle refoule, à elle seule, les désirs déviants et la solitude d’une Amérique désincarnée.