Pris au piège
Au terme de la Seconde guerre mondiale, Laurence Gerard (Dick Powell), un pilote canadien, se refuse à mener une existence normale, tant qu’il n’aura pas vengé son épouse française, exécutée avec d’autres résistants par des collaborateurs. Il soupçonne un certain Marcel Jarnac, défenseur du régime nazi et officiellement déclaré mort. Convaincu qu’il s’agit d’une machination, Gerard se met à traquer l’homme prétendument en fuite. Débute alors un périple qui le mènera jusqu’en Argentine.
Film qui marque la fin de la carrière américaine d’Edward Dmytryk (celle‑ci prend brutalement fin avec la Chasse aux sorcières lancée à Hollywood), Pris au piège naît avec les séquelles de l’après‑guerre. Contemporain à souhait (réalisé en 1945), il illustre de manière quasi‑documentaire le trouble et la culpabilité générés par un régime de terreur.
Laurence Gerard incarne le vestige fêlé de l’intégrité (la cicatrice qui loge sur son crâne en est la preuve), tandis qu’autour de lui, l’inquiétant ballet des conspirateurs entremêlé d’honnêtes citoyens forme un manifeste sombre du désordre et du malaise latents.