Possessor
L’agent secret Tasya Vos (Andrea Riseborough) travaille pour une organisation mystérieuse dirigée d’une main de fer par Girder (Jennifer Jason Leigh). Grâce à une technologie de pointe, Vos intègre le corps d’individus et les pousse à commettre des crimes pour le compte de richissimes clients. L’affaire se complique lorsqu’elle s’introduit dans le corps de Colin Tate (Christopher Abbott), un homme frustré et dépressif, affamé de violence.
En 2012, Brandon Cronenberg (fils de David) réalise Antiviral, dans lequel Caleb Landry Jones (Mad Love in New York, Get Out) campe un employé de clinique spécialisée dans l’injection de virus de célébrités. Portrait choc d’une société en roue libre dont les fantasmes mortifères pactisent avec la veulerie des labos, ce premier coup d’essai révèle la fascination du réalisateur pour les technologies déviantes au service de l’organique (héritage paternel confirmé par ailleurs).
Possessor interroge de nouveau l’individu et sa capacité de résistance face à un attirail technologique ultra‑perfectionné mais dangereusement vulnérable. Le contrôle absolu du corps de l’autre trouvant ses limites à travers les failles de celui qui l’occupe, et vice‑versa. Ainsi, Vos ne possède pas seulement son hôte, elle partage les mêmes pulsions meurtrières, doublées d’un redoutable instinct de survie comme dans ces scènes manifestes où l’agent chevronné est incapable de se tuer (symboliquement) en fin de mission, ou lorsque Colin prend le dessus et lutte pour évincer l’intime étrangère.
Leur conflit intérieur occasionne autant de giclées d’hémoglobine que de questionnements sur l’identité et sa place réelle au sein d’une famille, d’un couple ou d’un système (la fameuse organisation secrète) qui contraint de s’en affranchir. L’échange final entre Vos et Girder, son alter ego, fait froid dans le dos.