par Carole Lépinay
03 mai 2021 - 12h41

Possessor

année
2020
Réalisateur
InterprètesAndrea Riseborough, Jennifer Jason Leigh, Christopher Abbott, Tuppence Middleton, Rossif Sutherland, Sean Bean
éditeur
genre
notes
critique
7
10
label
A

L’agent secret Tasya Vos (Andrea Riseborough) travaille pour une organisation mystérieuse dirigée d’une main de fer par Girder (Jennifer Jason Leigh). Grâce à une technologie de pointe, Vos intègre le corps d’individus et les pousse à commettre des crimes pour le compte de richissimes clients. L’affaire se complique lorsqu’elle s’introduit dans le corps de Colin Tate (Christopher Abbott), un homme frustré et dépressif, affamé de violence.


En 2012, Brandon Cronenberg (fils de David) réalise Antiviral, dans lequel Caleb Landry Jones (Mad Love in New York, Get Out) campe un employé de clinique spécialisée dans l’injection de virus de célébrités. Portrait choc d’une société en roue libre dont les fantasmes mortifères pactisent avec la veulerie des labos, ce premier coup d’essai révèle la fascination du réalisateur pour les technologies déviantes au service de l’organique (héritage paternel confirmé par ailleurs).

 

Possessor interroge de nouveau l’individu et sa capacité de résistance face à un attirail technologique ultra‑perfectionné mais dangereusement vulnérable. Le contrôle absolu du corps de l’autre trouvant ses limites à travers les failles de celui qui l’occupe, et vice‑versa. Ainsi, Vos ne possède pas seulement son hôte, elle partage les mêmes pulsions meurtrières, doublées d’un redoutable instinct de survie comme dans ces scènes manifestes où l’agent chevronné est incapable de se tuer (symboliquement) en fin de mission, ou lorsque Colin prend le dessus et lutte pour évincer l’intime étrangère.

 

Leur conflit intérieur occasionne autant de giclées d’hémoglobine que de questionnements sur l’identité et sa place réelle au sein d’une famille, d’un couple ou d’un système (la fameuse organisation secrète) qui contraint de s’en affranchir. L’échange final entre Vos et Girder, son alter ego, fait froid dans le dos.

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Tous publics
Prix : 19,99 €
disponibilité
14/04/2021
image
BD-50, 103', zone B
1.78
HD 1 080p (AVC)
16/9
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 5.1
Anglais DTS-HD Master Audio 5.1
sous-titres
Français
8
10
image

Les partis pris et l'esthétique du film sont immédiatement identifiables à l'image. Un univers ultra‑contrasté et sursaturé (les fonds de cadre sont parfois volontairement cachés, comme ces fauteuils blancs design qui se détachent du fond bouché, comme en lévitation) où les couleurs s'appliquent par aplats massifs (rose, bleu…). Une photo des extrêmes donc, loin des codes classiques, mais qui ne sacrifie pas les paramètres techniques de définition et de piqué. Dommage toutefois de ne pas pouvoir bénéficier de version 4K Ultra HD en France.

7
10
son

Épurée et monacale, la bande‑son joue les notes organiques des vibrations sonores et autres fréquences basses pour un rendu tout en tension tenu sur la longueur, sans esbroufe ni poussées criardes. Une atmosphère métallique Vs organique, davantage qu'une bande‑son classique. Mention spéciale à l'effet de voix dédoublées assez déstabilisant et épatant. 

7
10
bonus
- Réalité augmentée : l'univers visuel (10')
- Crise d'identité : donner vie à Possessor (15')
- Des trucages bien réels (12')
- Scènes coupées (8')
- Bande-annonce (2')

L'épure est au cœur de l'arène de Possessor : de brefs entretiens croisés (Brandon Cronenberg, Rupert Lazarus ‑producteur designer‑, acteurs principaux) caractérisent l'univers du film. Le réalisateur date l'histoire de son film, situé dans un futur proche habillé d'un décor vintage, en 2008. Soit une version alternative de cette année. 

 

Qu'est‑ce qui définit le sentiment d'identité ? Les acteurs évoquent le thème principal du film et l'idée d'une quête universelle à travers la confrontation de deux psychés à la fois proches et étrangères l'une envers l'autre.  

 

Malgré son plus grand respect pour les effets numériques, Cronenberg confie ici sa préférence pour le trucage à l'ancienne. Ce parti pris l'a ainsi dispensé de discussions systématiques avec des infographistes et lui a permis de tester des choses inimaginables avec l'image de synthèse lors du tournage même (pas d'étalonnage en post‑prod, tout s'est fait sur place grâce aux gélatines de couleur appliquées aux éclairages). On découvre aussi les coulisses des plans de lévitation : en fait, du polystyrène porté par des fréquences ultra‑basses à 24 hertz. Un excellent bonus.

 

Les scènes coupées tournent enfin autour de la protagoniste et sa difficulté à trouver un équilibre identitaire, suite à ses nombreuses missions de possession.

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