Possessions
Bruno Flactif (Jérémie Rénier), Maryline (Julie Depardieu) et leur petite fille de 7 ans quittent le nord de la France pour commencer une nouvelle vie à la montagne. Dès leur arrivée, rien ne se déroule comme prévu. Leur nouveau propriétaire leur annonce que le chalet est encore en travaux. En guise de dédommagement, il les place dans un lotissement de grand standing.
Ce qui devait être une solution temporaire se transforme en une affaire de plus en plus compliquée. En dépit de la prévenance et la bonne volonté de la famille Castang, le couple se convainc d’être manipulé par plus aisés qu’eux. Envieux et fascinés par tant de biens matériels, leur ressentiment s’achève dans la haine meurtrière.
Inspiré de la tragédie du Grand‑Bornand (Savoie), dans laquelle une famille de riches entrepreneurs fut assassinée par un couple de locataires et leurs amis complices, Possessions explore autant le rapport de soumission à l’autre (contaminé par l’écart du statut social et le pouvoir que permet l’argent), que les conséquences désastreuses d’un consumérisme frustré.
Cependant, les prolétaires, à l’accent du nord bien marqué, ne sont pas plus victimes que les bourgeois assassinés. Ils tentent juste de ressembler à ceux dont ils convoitent le confort et la vie (fameuse séquence où Maryline cherche le même parfum que Gladys Castang, incarnée par Alexandra Lamy) et savent, au fond, qu’ils n’y parviendront jamais.
Avec finesse et une certaine distance, le film évoque la crise de l’identité sociale, dès lors que du point de vue des ignorants, l’avoir et le matraquage capitaliste déterminent les conditions de possibilité de l’ascension sociale. Une réussite.