Polisse
Le quotidien de la brigade de protection des mineurs à travers le regard d’une jeune photographe venue faire un reportage pour le ministère de l’Intérieur.
Argument majeur et principal défaut de Polisse : l’obsession de sa réalisatrice pour l’authenticité et son parti pris de capter une réalité crue, sans artifice, sans mise en scène. On assiste ainsi, à la manière d'une équipe d'Envoyé Spécial, au quotidien d'une brigade de protection des mineurs. Le problème, c’est qu’au milieu de toutes ces horreurs racontées par des enfants maltraités, violés et placés en foyer (et la liste n’est pas exhaustive), des stars viennent « faire » leur scène.
Impossible d’y échapper, à tel point qu'on oublie aussitôt le nom de leur personnage respectif. Car c'est bien Joey Starr, Marina Foïs, Karin Viard, Nicolas Duvauchelle, Maïwenn (qui chausse de fausses lunettes pour faire plus sérieuse), Sandrine Kiberlain, Lou Doillon, Anthony Delon et Audrey Lamy qui font à chaque fois leur numéro. S'ils sont excellents, ils ne sortent jamais du contexte de la scène unique, empilement de cas tous plus monstrueux les uns que les autres, dont on cherche encore la logique narrative ou l’évolution.
Il y avait pourtant matière, coup de projecteur à donner, histoire à développer autour d’un sujet délicat (la pédophilie), qui aurait pu soulever bien d’autres problématiques que de savoir si Joey Star méritait son César, ou non. De Polisse, il ne reste finalement qu'une affiche, au propre comme au figuré. Pialat avec Police et Tavernier avec L627, eux, avaient compris qu’on peut être authentique au cinéma à partir du moment où on n’oublie pas de réaliser, d’adopter un point de vue, et surtout de raconter une histoire.
Maïwenn aurait peut‑être tout simplement dû prendre sa caméra et filmer un doc au cœur d’une vraie brigade de la protection des mineurs, plutôt que d’y associer une pléiade de stars qui, en dépit de leur immense talent, ne pourront jamais égaler la réalité. Cannes ou Bobigny, la réalisatrice a fait son choix. Dommage.