Poker Face
Jake Foley, un milliardaire qui a fait fortune grâce au poker, invite ses amis d'enfance dans sa maison pour une partie de poker à gros risque dont les enjeux dépassent le seul gain pécuniaire.
Jeu sans enjeux
Il y a bien longtemps que la carrière de comédien de Russell Crowe n’intéresse plus vraiment personne. Quant aux films qu’il réalise avec lui‑même devant la caméra, c’est un peu la même chose. Si un jour, il fut l’un des meilleurs acteurs de sa génération (Gladiator, Master and Commander, L.A. Confidential), pas certain qu’il marqua l’histoire du cinéma avec ses réalisations. La promesse d'une vie (2014) n’a pas tapé dans l’œil des cinéphiles, ses documentaires, non plus.
Trêve de suspense, ce ne sera certainement pas le cas de ce Poker Face malgré un honorable casting : Russell Crowe, Liam Hemsworth, Elsa Pataky, RZA et Aden Young. La faute à un scénario on ne peut plus bancal qui prend des plombes à exposer une situation (la partie de poker vengeresse du milliardaire qui se sait en fin de vie) pour braquer à 90° et devenir un Panic Room light, cinq minutes plus tard. Les personnages sont inexistants, les enjeux incompréhensibles et les « métaphores pokeriennes » risibles. On s’ennuie ferme, comme à une partie qui accumulerait les fausses donnes.
Crowe laborieux
Nous passerons sous silence les multiples incohérences de film, car ce qui choque le plus dans ce Poker Face qui porte si mal son jeu tant les maigres rebondissements sont prévisibles, c’est en somme la vision du milliardaire incarnée par Russell Crowe. C’est à croire que le film est un autoportrait masochiste qui dresse en substance le portait d’un homme que l’argent et le succès ont souillé. Notre héros exhibe son trop‑plein d’argent aux murs, dans ses placards ou son garage, mais il n’est pas heureux. Il a trahi ses valeurs, son enfance, sa femme le trompe et il tente au final de se racheter à leurs yeux dans un pathétique stratagème. On a connu héros plus prompt à l'empathie.
L’adresse finale que le milliardaire sert à ses amis retentit lourdement pour tous ceux (nombreux) qui ont aimé Russell Crowe acteur. Elle résonne étrangement comme un mantra personnel, un mea culpa du comédien qui s’est fourvoyé depuis des années. Espérons qu’il saura l’entendre : « Soyez bons les uns envers les autres. Ne soyez pas de ceux qui voient le verre à moitié plein. Au contraire, soyez de ceux qui savent qu’en dépit des triomphes, ou des désastres, vous pouvez toujours remplir le verre à nouveau ».