Placebo : we Come in Pieces
Un Écossais doté de la nationalité américaine né à Bruxelles et vivant à Londres (Brian Molko), un Suédois exilé au Luxembourg puis à Londres (Stefan Olsdal), un Californien tout droit sorti d'un film de Paul Verhoeven (Steve Forrest, batteur du groupe depuis 2008), voici Placebo, groupe de rock alternatif né des cendres encore fumantes du no‑wave et du punk en 1994. Et si l'on énumère les pages de leur passeport, c'est que Placebo est un groupe d'ici (Londres), d'ailleurs (le reste du monde), voire de très loin (les autres planètes…).
À cheval sur les cultures et les genres, se produisant là où les autres groupes n'osent pas se rendre, ce trio, accompagné sur scène de trois autres compères dont Fiona Brice au violon et au theremin, est toujours là où on ne l'attend pas. Sans doute une des grandes marques de fabrique du groupe, signe distinctif qui poussa David Bowie en 1997 à leur offrir la première partie de sa tournée Earthling.
Entre autres caractéristiques, une ambiguïté sexuelle et une androgynie affichées, un penchant pour les substances illicites, un discours ultra‑noir, un romantisme exacerbé, de la provocation par hectolitres et des amplis sursaturés qui pourront rebuter les plus chastes oreilles. Mais à bien y regarder (difficile de ne pas se laisser subjuguer par leur charisme) et à entendre de plus près (Stefan Olsdal est un technicien de haute volée, notamment à la basse), Molko et sa bande parviennent à nous communiquer leur énergie brute. Certes, l'ensemble est un peu statique et parfois redondant (deuxième partie du concert heureusement plus mélodieuse), mais la voix d'ado rebelle de Molko, toujours sur le fil, ne semble pas avoir besoin d'artifice pour séduire des millions de fans à travers la planète.
Capté en septembre 2010 à l'O2 Brixton Academy de Londres, croyez‑nous, ce concert va vous déboucher les écoutilles. Mention spéciale au titre Bitter End, toujours aussi fort.