Piranha
À 32 ans, Alexandre Aja est l’un des rares exemples, peut‑être même le seul des jeunes cinéastes français avec Florent Siri, à avoir su mener sa barque dignement de l’hexagone à Hollywood. Après un petit film d’horreur brutal et maîtrisé (Haute tension en 2002), Aja signe un remake impeccable de La colline a des yeux de Wes Craven qui, fait rarissime, surpasse même l’original, et un thriller horrifique réussi (Mirrors), preuve que son talent peut désormais s’exprimer hors des limites un peu contraignantes du film de genre pur et dur.
Avec Piranha (tourné en 3D et disponible comme tel également chez l'éditeur), Aja prend le risque de revenir à la case départ (encore un faux remake du film éponyme de Joe Dante) afin de régler un vieux compte d’ado cinéphile qui, dans les années 1980, ricanait aux exploits iconoclastes des Gremlins, du Doc de Retour vers le futur et des (pénibles) séquelles des Dents de la mer.
Ici, un tremblement de terre libère des hordes de piranhas préhistoriques pendant le Spring break, cette semaine printanière très « sea, sex and sun » au cours de laquelle tout bon étudiant américain fonce vers Acapulco ou Cancun, objectif alcool et libido.
Piranha possède la saveur d’un pop‑corn, en même temps que sa durée de vie. Ultra‑gore, entre giclées festives façon Peter Jackson et démembrements plus dérangeants à la Starship Troopers, le film d’Aja ressemble à un palimpseste monstre, une sorte de revival pleinement assumé d’où remonte toute la mémoire clinquante et cartoonesque des Eighties. À ranger sur l’étagère précieuse des plaisirs coupables.