par Émilien Villeroy
09 septembre 2022 - 18h06

Pink Floyd : Pulse

année
1995
Réalisateur
AvecDavid Gilmour, Nick Mason, Richard Wright
éditeur
genre
sortie
12/04/2024
notes
critique
7.5
10
A

C'est le paradoxe de la fin de carrière de Pink Floyd : des albums relativement médiocres suite au départ de Roger Waters, mais des tournées imposantes qui sont restées dans la mémoire collective. Et celle documentée dans Pulse est cruciale dans l'histoire du groupe : entamée en 1994 pendant plus de six mois, il s'agit de la dernière tournée des légendes du rock progressif avant leur mise en sommeil en 1995. Nous sommes alors juste après la sortie de ce qui sera leur ultime album studio, The Division Bell, et pour aller le défendre sur scène, Pink Floyd a vu grand.

 

Très grand

Une scène de 60 m de long, équipée d'une armée de lasers et de projecteurs, au‑dessus de laquelle s'élève une grande arche qui symbolise une porte immense censée amener le public dans une autre dimension. Flottant au‑dessus du groupe, un écran géant tout rond projette des films réalisés pour l'occasion par Storm Thorgerson, sur lesquels le groupe joue de manière synchronisée. Tout au long du concert, d'une durée de 2h30, les surprises s'enchaînent : cochons gonflables qui paradent au‑dessus de la foule, avion miniature qui s'enflamme, effets pyrotechniques, boule à facettes géante qui s'ouvre pour devenir une sorte de fleur de métal. Les Anglais ont mis les petits plats dans les grands et iront présenter ce spectacle massif à travers le monde lors de 112 concerts (dont 7 dates en France, du parc de Chantilly jusqu'à Bordeaux en passant par Strasbourg). C'est à la toute fin de cette tournée monumentale, alors que Pink Floyd est de retour en Angleterre pour une série de 14 concerts à guichets fermés au Earls Court, à Londres, que sera filmé le live Pulse, le 20 octobre 1994.

 

Une setlist paradisiaque

Sur scène, ils ne sont plus que trois membres originaux. Nick Mason, entouré de son luxueux kit de batterie. Richard Wright, toujours aussi discret et charmant avec ses petits claviers. Et puis le guitariste et chanteur David Gilmour, particulièrement mis en avant ici ‑c'est souvent sur lui que tous les projecteurs se posent‑. Mais ils ne sont pas seuls : entre un bassiste, un percussionniste, un saxophoniste ou encore trois choristes, le groupe est bien entouré.

 

Et toute cette équipe n'est pas de trop pour faire revivre sur scène le rock psychédélique et lunaire de Pink Floyd. D'autant que c'est une plongée assez complète dans leur discographie qui est ici proposée. Si le premier acte du concert se porte plutôt sur les albums récents du groupe (et majoritairement The Division Bell), le reste du show propose au public une version intégrale de l'album culte de 1973 The Dark Side of the Moon, ainsi que quelques‑uns de ses plus fameux titres : Wish You Were Here, Comfortably Numb, ou encore One of These Days.

 

Technique impeccable parfois statique et froid

Qu'on ne s'y trompe pas : c'est bien à un spectacle parfaitement millimétré que l'on assiste, qui ne laisse pas la place au hasard. Pourtant, les musiciens affichent leur plaisir, entre regards complices et sourires fréquents. Mais difficile de ne pas ressentir une certaine forme de froideur et de lourdeur, compréhensible pour un groupe qui dépassait alors le quart de siècle de carrière, mais dont le sérieux détonne un peu avec les envolées psychédéliques de titres comme The Great Gig in the Sky.

 

Car si la technique déploie de multiples effets visuels, le spectacle sur scène reste lui assez statique, très professionnel, à peine si David Gilmour lâche une mimique sur ses solos. Si on excepte les chorégraphies banales des trois choristes, il n'y a guère que le percussionniste qui remue un peu, malheureusement pour faire des choses complètement ringardes (faire tourner ses baguettes et sauter partout alors qu'il ne fait que taper sur un gros tambour).

 

La performance est impeccable, avec un son aussi limpide que de l'eau de roche, mais manque peut‑être un peu de piquant, rendant le visionnage du concert occasionnellement un peu longuet, particulièrement sur les titres de la première partie, plus récents et parfois franchement en dessous (dont l'horripilant Keep Talking où Gilmour se lance dans un solo de guitare transformé à la voix, technique que peu d'autres groupes ont reproduit, et ils ont eu raison).

 

Un beau chant du cygne

On prendra donc plus de plaisir sur la suite, quand Pink Floyd écume son répertoire des années 70, enchaînant des versions absolument définitives de titres comme Us And Them, qui réussissent à recréer avec une grande justesse les moments iconiques des enregistrements studios. Quant aux éléments visuels du show, si certains gardent pas mal de panache (la vidéo de Shine on you Crazy Diamond, les architectures lumineuses faites de laser sur certains titres), d'autres accusent un peu leur âge : animations 3D hideuses ou embarrassant montage d'images de politiciens (de Bill Clinton à Fidel Castro en passant par Margaret Thatcher, comme ça, on ne vexe personne) sur Brain Damage.

 

Mais malgré tout, Pulse reste un beau chant du cygne pour Pink Floyd, et un indispensable pour les fans du groupe. Pour les autres, on leur conseillera plutôt le Live at Pompeii de 1972 à la tracklist moins complète mais à l'audace bien plus ébouriffante.

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Tous publics
Prix : 31 €
disponibilité
18/02/2022
image
2 BD-50, 144', toutes zones
1.33
HD 1 080p (AVC)
4/3
bande-son
DTS-HD Master Audio 5.1
LPCM 2.0
sous-titres
Anglais, français, allemand, espagnol, portugais
8
10
image

Si l'on passe outre la réalisation années 90 un peu marquée du live (beaucoup de caméras de travers !), la qualité visuelle est au rendez‑vous avec une remasterisation très plaisante à regarder. Certains plans, filmés sans doute avec des petites caméras au niveau de la batterie et des percussions, sont parfois un peu laids, mais le reste propose une belle définition et une bonne dose de lumière. Mention spéciale aux nombreux plans de David Gilmour pendant ses solos de guitare, montrant toute sa virtuosité.

9
10
son

On peut évidemment compter sur un live de Pink Floyd pour proposer une belle qualité sonore. Mixé avec soin, l'équilibre de tous les instruments sur scène est impeccable, les nappes de synthétiseurs formant un beau lit psychédélique pour les guitares enflammées de Gilmour.

 

La stéréo n'est bien sûr pas aussi précise que la piste DTS‑HD Master Audio 5.1 et individualise davantage les instruments. Le DTS apporte ampleur, puissance sonore des chœurs et une atmosphère générale plus immersive tout en gardant beaucoup de naturel.

9
10
bonus
- Clips des morceaux de The Division Bell : Take It Back, High Hopes, Marooned (18')
- Répétitions des concerts de la tournée : A Great Day for Freedom (deux versions) et Lost For Words (15')
- Films projetés derrière le groupe pendant les concerts (48')
- Documentaires sur la création de la pochette de The Division Bell et la préparation de la tournée (56')
- Introduction de Pink Floyd au Rock & Roll Hall of Fame par Billy Corgan (Smashing Pumpkins) et live de Wish You Were Here en 1996 (13')
- Enregistrements audio de deux morceaux de tournée : One of These Days (Hanover) et Astronomy Domine (Miami) (10')
- Livret photos

En plus de proposer un concert particulièrement copieux, une montagne de bonus est proposée sur un deuxième Blu‑Ray. Les plus passionnants sont sans aucun doute les documentaires consacrés à la création de la tournée, donnant la parole à toutes les équipes, artistiques et techniques, qui ont permis de faire de ce projet une réalité, avec de nombreuses anecdotes sur les défis qu'une telle production représentait.

 

Les clips remasterisés sont aussi une belle surprise, en particulier celui de High Hopes réalisé par Storm Thorgerson. Ce dernier est également en charge des films projetés derrière le groupe pendant les concerts et dont une partie est présentée ici. Si certains ont une belle touche onirique (particulièrement celui de Shine on you Crazy Diamond), d'autres proposent des images 3D d'époque qui ont particulièrement mal vieilli.

 

Les répétitions de deux titres de The Division Bell ne sont pas particulièrement mémorables, mais les enregistrements audio sont eux très intéressants, en particulier Astronomy Domine, un des premiers titres du groupe composé par Syd Barrett.

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