Piégée
Channing Tatum et Mathieu Kassovitz réunis dans un même film. Une incongruité que l'on doit à Steven Soderbergh, qui opère ici un drôle de télescopage entre force brute développée par le premier et cinéma intello, étiquette solidement attachée dans le dos du second (le cinéaste consacrera d'ailleurs un an plus tard, avec Magic Mike, un long métrage entier à Channing Tatum, inspiré de sa propre vie).
En 2011, Soderbergh s'intéresse à une autre personnalité singulière, Gina Carano, première femme free frighteuse au monde et championne de boxe thaïe. Captivé par ses capacités physiques et son mental de battante, il lui offre ici un rôle à sa portée et l'entoure d'une bande de comédiens de haute volée, de Michael Fassbender à Ewan McGregor en passant par Mathieu Kassovitz, Antonio Banderas et Michael Douglas. Le principe de sa trilogie Ocean's, Julia Roberts en moins.
Ainsi, Mallory Kane, agent secret spécialiste des missions périlleuses, décide de quitter son employeur juste avant d'effectuer un dernier job à Barcelone, consistant en une exfiltration de dissident chinois retenu en otage. Une décision dont on va suivre, à rebrousse‑poil et rebondissement après rebondissement, les conséquences. De Dublin à Londres, Mallory va devoir remonter le film de sa vie et affronter à mains nues des hommes déterminés à l'éliminer.
Avec Piégée, Steven Soderbergh s'offre un petit plaisir, celui de revisiter le film d'espionnage à la mode action. Sans doute retenu par les talents encore balbutiants de son actrice principale, il opte pour un traitement brut, sans fard, laissant la part belle aux scènes d'action (l'ouverture du film, combat entre Channing Tatum et Gina Carano, vaut vraiment le détour). Et malgré un récit complexe dont on peine à suivre la trame (problème de montage ?) et un manque d'ambition évident mais compréhensible, on finit par tomber gentiment dans ce nid d'espions tous plus rusés et dissimulateurs les uns que les autres. Les amateurs de films d'espionnage des 70's y trouveront sans doute leur compte.