par Paco Altura
14 mai 2014 - 15h02

Philomena

année
2013
Réalisateur
InterprètesJudy Dench, Steve Coogan, Sophie Kennedy Clark, Barbara Jefford, Michelle Fairley, Charlie Murphy
éditeur
genre
notes
critique
8
10
label
A

Irlande. En 1952, Philomena Lee, adolescente enceinte, est placée chez les bonnes sœurs. Son fils Anthony est par la suite littéralement « vendu » à un couple américain sans que sa mère ait son mot à dire. Durant cinquante ans, Philomena garde le secret puis se confie à un journaliste, Martin Sixsmith. Ce dernier, qui espère trouver là matière à relancer sa carrière en panne, la convainc de partir aux USA pour retrouver la trace d'Anthony.

Stephen Frears réussit là une œuvre sur le fil du rasoir. Le scénario, co‑écrit par Steve Coogan (l'interprète de Martin) d'après une histoire vraie, jongle en effet en permanence sur un savant cocktail de drame et de comédie. Placé d'emblée en équilibre instable, le film réussit, à travers des scènes et des dialogues merveilleusement écrits ‑et malgré d'occasionnelles facilités visuelles‑ à retranscrire non seulement une quête d'enfant perdu, mais surtout la découverte mutuelle de deux individualités sinon antagonistes, au moins très différentes.

Philomena est une vieille dame très modeste qui sort de cinq décennies de désespoir muet, et Martin, un personnage hautain blessé par sa temporaire déchéance de la bonne société britannique. Le duo aurait pu être anodin car Steve Coogan excelle surtout dans la comédie et Judi Dench (M dans les récents James Bond) est avant tout une spécialiste de théâtre classique.

Mais la sauce prend : Coogan bride sa fantaisie naturelle et donne de l'épaisseur à son personnage. Judy Dench, elle, est impériale. Son visage parcheminé, son regard vif et expressif pourraient lui servir à ne créer qu'une belle mère douleur. Mais l'actrice ‑et Stephen Frears‑ ont plus d'ambition : Philomena, est une vraie femme avec des envies, des a priori, des hésitations et une certaine mauvaise foi. Une personne d'extraction modeste, avide de romans à l'eau de rose qui ne capte pas les mots d'esprit de Martin mais sait se révéler, à l'occasion, fine psychologue. Avec Philomena, Judy Dench trouve ici, sur le tard, sans doute un de ses plus beaux rôles de cinéma.

Au gré du scénario, toujours en équilibre, la recherche d'Anthony prend des contre‑allées inattendues, un rythme imprévu, une densité douce. À l'image de ce film, toujours surprenant, souvent amusant, parfois prodigieusement bouleversant, Philomena réussit à offrir non pas un voyage balisé dans le passé, mais à chanter la victoire de la vie, quoiqu'il arrive.

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Tous publics
Prix : 20,05 €
disponibilité
21/05/2014
image
BD-50, 98', zone B
1.85
HD 1 080p (VC-1)
16/9
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 5.1
Anglais DTS HD Master Audio 5.1
Audiodescription pour sourds et malentendants
sous-titres
Français
8
10
image
Que l'on soit dans les couleurs assez froides du présent, enluminé par des lumières aux tons or de certains éclairages, ou dans les séquences plus granuleuses aux teintes vintage du passé, le master est à l'aise partout. Son extrême précision sublime les paysages d'Irlande et d'Amérique. L'image est si précise qu'on pourrait craindre une forme de cruauté visuelle lors des nombreux gros plans du visage parcheminé de Judi Dench. Au contraire, la finesse de l'image permet de profiter pleinement des plus infimes nuances que cette actrice d'exception est capable de donner à la moindre de ses expressions. On frôle la perfection.
7
10
son
En VF ou en VO, les pistes sont remarquables : dialogues limpides, ambiances subtiles mais présentes (elles ne pêchent que par une spatialisation si légère qu'on la remarque à peine). On ne saurait néanmoins trop encourager le visionnage en VOST car les acteurs font non seulement passer énormément de nuance dans les nombreux dialogues du film, mais en prime, la voix française de Judy Dench reste très éloignée de celle, chaude et grave, de l'actrice britannique.
8
10
bonus
- Making of du film (25')
- La vraie Philomena (2')
- Conversation avec Judi Dench (8')
- Entretien avec Steve Coogan (24')
- Commentaire audio (VOST) de Steeve Coogan et Jeff Pope
À travers un passionnant mais surprenant making of en VOST (le réalisateur Stephen Frears n'y fait que de petites incursions), on en apprend beaucoup sur la conception du scénario inspiré par une histoire authentique trouvée dans un journal, et sur la méthode de travail des deux acteurs. Le respect et la finesse du rendu de l'histoire tiennent d'ailleurs beaucoup à la présence des authentiques Martin Sixsmith et Philomena Lee qui interviennent à de nombreuses reprises et toujours à propos pour évoquer à la fois leurs expériences et les différences entre le film et la réalité. Autre module indispensable, la conversation (VOST) avec Judi Dench où l'actrice évoque sans langue de bois son démarrage très tardif dans le cinéma et livre même quelques conseils de comédie. L'entretien avec Steve Coogan, co‑scénariste et acteur du film, démarre quand à lui comme une masterclass un peu guindée que Coogan dynamite bien vite et transforme en intéressante et très drôle causerie grâce à un humour irrésistible. C'est d'ailleurs avec ce même humour aigu et ironique ‑et grand souci du détail et de la construction‑ que Coogan et son co‑scénariste Jeff Pope livrent un trépidant commentaire audio du film. Leur prestation étant de surcroît livrée en VOST, il n'y a aucune raison de se priver de ce très bon moment. Enfin, le module sur la vraie Philoména est plus dispensable, non que la dame en question ne mérite l'attention, mais simplement parce qu'il s'agit d'un remontage un peu hâtif des interventions déjà vues dans le making of.
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