Petit paysan
De la ferme familiale à la Fémis, le parcours du jeune Hubert Charuel, 33 ans, n'est pas banal. Après plusieurs courts métrages et une longue phase de préparation, il livre avec Petit paysan son premier long en même temps qu'un thriller âpre et naturaliste en milieu laitier.
Sous ses airs de documentaire sur la dure vie d'une ferme française de taille microscopique (une trentaine de vaches), le réalisateur cache en réalité un autre film bien plus violent, braquant sa caméra sur un tueur en série qui agit de l'intérieur (la fièvre hémorragique) et choisit ses victimes au hasard sans espoir de survie. Prisonnier de sa ferme, hanté jusqu'au bout de ses nuits par son exploitation, Pierre fait malgré lui le jeu du monstre tapi sous la paille en cachant coûte que coûte aux autorités les conséquences mortifères de la maladie qui menace bientôt toutes ses bêtes comme sa propre santé mentale et physique.
Une course contre la montre vaine mais haletante qui révélera sans doute à beaucoup une certaine réalité de l'élevage en France, broyé il n'y a pas si longtemps par la crise de la vache folle et la fièvre aphteuse. Face à des confrères bardés de technologie et de caméras de surveillance, Pierre a choisi l'ancienne école et son amour des animaux pour perpétuer l'héritage de ses parents (quoiqu'un peu lourd quand il s'agit d'être autonome ou poussé dans les bras de la boulangère du coin).
Avec Swann Arlaud et Sara Giraudeau, Hubert Charuel a tout bon. Il lui manque tout de même une trame moins linéaire et un brin de complexité pour faire réellement décoller le film qui nous laisse, avec sa fin, un peu sur notre faim.