Éperdument
Une jeune femme, Anna Amari, est incarcérée en prison pour un crime qu'elle a commis alors qu'elle était encore mineure. Alors qu’elle attend la tenue de son procès, le directeur de la prison, Jean Firmino, lui propose de rendre son incarcération plus « facile » en lui confiant la gestion informatique de la prison. Très vite, il tombe sous le charme de la jeune Anna.
Alors que le film s’inspire de l'histoire vraie de Florent Gonçalves racontée dans le livre Défense d'aimer, tout sonne étrangement faux dans le film de Pierre Godeau. En voulant s’émanciper du côté ambigu, manipulateur et violent de la personnalité réelle du personnage d’Anna (à l'époque des faits, la jeune femme avait été emprisonnée pour avoir servi d'appât dans l'enlèvement d'Ilan Halimi, assassiné par le « gang des barbares »), le réalisateur vide son personnage et par extension son film de toute complexité pour ne retenir que l’histoire d’un homme aveuglé par l’amour.
Cette simplification artificielle se ressent dans le jeu des comédiens qui ne parviennent jamais à exister, encore moins à émouvoir. Il faut dire qu'ils ne sont ni aidés par les dialogues, plutôt creux, ni par les scènes d’amour, d’une austérité sans borne. Un comble pour un film qui tente péniblement de signifier la passion autour d'un amour impossible.
Quant à la description de l’univers carcéral, on imagine qu’elle colle à une réalité, mais n’est pas Audiard qui veut et sans un soupçon d’ambition cinématographique, on ne dépasse jamais le stade de reconstitution ennuyeuse. Bref, les meilleures intentions (décrites dans le making of) ne font pas toujours les meilleurs films. Un ratage.