Paul Simon : the Concert in Hyde Park
Si le songwriting était un artisanat, alors Paul Simon en serait un des plus grands maîtres. Qu'elles aient été chantées par Garfunkel ou par lui‑même en solo, ses chansons sont souvent de vrais bijoux de composition : délicates, remplies de nuances, elles mêlent habilement simplicité folk et sophistication pop. Une œuvre de près d'un demi‑siècle que Simon convoque de manière extensive en 2012 sur la scène du Hard Rock Calling Festival à Hyde Park (Londres). Un show de plus de deux heures sous un beau soleil couchant, où le musicien américain interprète plus d'une vingtaine de morceaux face à une foule immense toute acquise à sa cause, et que l'on peut maintenant retrouver en intégralité dans The Live In Hyde Park, sorti en juillet dernier.
Accompagné par une bande de musiciens multi‑instrumentistes particulièrement doués (le batteur fait également de la guitare, tandis qu'un des guitaristes joue de l'accordéon par moments !), Paul Simon fait revivre ses plus belles chansons avec un soin précieux et une confiance totale en son public, enthousiaste au moment des tubes (Kodachrome, Me and Julio...), puis totalement coi et hypnotisé face à des titres plus délicats et silencieux comme Hearts and Bones ou le sublime Still Crazy After all these Years. Aucune frime, aucune démonstration : la musique parle d'elle‑même, rendant la captation vidéo parfois un peu ronflante tant Paul Simon n'a rien d'une bête de scène.
Si tous ses plus grands morceaux sont là (impressionnant The Sound of Silence, seul en scène avec tout le public en chœur), ce concert est surtout l'occasion pour Simon de revisiter en quasi‑intégralité ce que d'aucuns appellent aisément son dernier très grand album : Graceland, sorti en 1986 et enregistré en Afrique du Sud avec de nombreux musiciens du pays. Et comment mieux faire revivre ses morceaux qu'en invitant sur scène tous les musiciens qui ont participé au disque ? Sur scène, Paul Simon accueille ainsi Thandiswa Mazwai (pour une belle version de Under African Skies) ou encore le groupe vocal Ladysmith Black Mambazo, dont les chœurs sur l'excellent Diamonds on the Soles of her Shoes sont toujours aussi mémorables. C'est dans cette relecture de Graceland que le concert trouve son envol, dépassant le cadre du simple best of pour atteindre quelque chose de beaucoup plus précieux et magique. Un moment d'histoire musicale qui revient à la vie et durant lequel Paul Simon semble plus enthousiaste que jamais.
Joyeux, impeccablement joué, ce concert à Hyde Park est un moment charmant et généreux qui rend pleinement hommage au talent de Paul Simon. Une belle expérience pour tous les amateurs du songwriter américain.