Pas de printemps pour Marnie
C’est à l’occasion de sa critique de Pas de printemps pour Marnie d’Alfred Hitchcock (1964) que François Truffaut forgea un concept qui allait faire florès dans le landernau critique.
Qu’est‑ce qu’un grand film malade ? « Ce n'est rien d'autre qu'un chef‑d'œuvre avorté, écrit Truffaut, une entreprise ambitieuse qui a souffert d'erreurs de parcours : un beau scénario « intournable », un casting inadéquat, un tournage empoisonné par la haine ou aveuglé par l'amour, un trop fort décalage entre intention et exécution, un enlisement sournois ou une exaltation trompeuse. Cette notion de « grand film malade » ne peut s'appliquer évidemment qu'à de très bons metteurs en scène, à ceux qui ont démontré dans d'autres circonstances qu'ils pouvaient atteindre la perfection ».
Réalisé juste après Les oiseaux, Pas de printemps pour Marnie marque la seconde collaboration de Hitchcock et Tippie Hedren, et l’arrivée d’un nouveau venu, Sean Connery, qui sort à peine de deux James Bond (Dr. No et Bons baisers de Russie).
Longtemps boudé par la critique, Marnie raconte la relation entre le patron d’une maison d’édition et sa nouvelle secrétaire comptable, une voleuse maladive dont la névrose remonte à l’enfance. Seule sa mère infirme, qui habite à Baltimore, connaît l’origine de sa peur du rouge, du blanc et des orages.
Film à forte teneur psychanalytique (comme La maison du Dr. Edwards d’ailleurs), Pas de printemps pour Marnie est un film imparfait, parfois peu aimable, mais riche de quelques séquences d’anthologie (la séquence initiale du vol notamment), qui justifient à elles seules sa redécouverte.