Paris Blues
Ram Bowen (Paul Newman) et son ami noir, Eddie Cook (Sidney Poitier), sont deux musiciens passionnés qui exercent leur talent dans une boîte de jazz de Saint‑Germain‑des‑Près. Un jour, parti assisté à l’arrivée à Paris du grand Wild Man Moore (Louis Armstrong), un célèbre jazzman, Ram fait la connaissance de deux touristes américaines, en vacances pour une quinzaine de jours. Des couples se forment et, malgré la brièveté de leur séjour, les jeunes gens finissent par s’attacher. Mais il y a l’amour d’un côté et les exigences de la musique de l’autre.
Véritable virée touristique dans le Paris du début des années 60 au gré des ballades des amoureux, Paris Blues présente la Ville Lumière à la fois comme un cliché et un tableau documentaire. Le jazz y apporte une tonalité spectaculaire, empreint de l’imagerie hollywoodienne. Puis, à ces performances musicales absolument exceptionnelles, une opposition : un discours d’ordre social apparaît (cf. l'ouverture du film qui plante le décor et le thème sous‑jacent du film).
Amoureux fou de Connie (Diahann Carroll), Eddie lui propose de rester à Paris, sa ville d’adoption. Sur un quai de Seine, le débat est ouvert. La jeune femme qui milite pour les droits des Noirs aux États-Unis ne comprend pas l’engouement de son ami pour une ville qui n’est pas la sienne. Elle lui parle d’exil et de fuite, tandis que le musicien ne songe qu’à être bien quelque part. Sous cet angle, Paris Blues est un film revendicatif, et par la puissance de ses sonorités noires, le jazz devient une fête et l’expression d’une quête identitaire.